« Alors que d’autres pays ont engagé des efforts de prévention contre la cochenille, un ravageur dévastant les plantations de figues de barbarie, la Tunisie a plutôt réagi après l’apparition de cet insecte, cherchant à lutter contre ses effets néfastes, ce qui a entraîné des pertes matérielles sans réussir à éliminer complètement le fléau », a regretté le Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux (FTDES).
Dans son rapport intitulé « Les répercussions de l’absence de justice environnementale et des effets du changement climatique sur les autres droits », publié le 18 avril dernier, le département de la justice environnementale et climatique du FTDES a estimé que ce fléau ( cochenilles) a gagné du terrain en raison de « la lenteur » et de « l’inefficacité » des interventions visant à contenir son expansion. « Mieux vaut prévenir que guérir est toujours une recommandation sage pour éviter les dommages. Cependant, l’État tunisien n’a pas encore pleinement mis en œuvre cette approche, malgré les avertissements des experts depuis l’apparition de la cochenille rouge au Maroc en 2014 », a déploré l’organisation. Selon l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA), la cochenille est un insecte à corps mou en forme d’œuf, avec des ailes chez les mâles.
Elle apparaît sur les plantes de cactus sous forme de masses blanches ressemblant à du coton. Les femelles se nourrissent des raquettes du figuier de Barbarie en absorbant la sève de la plante, ce qui entraîne l’apparition de zones jaunâtres qui s’élargissent progressivement, conduisant finalement au dépérissement de la plante. En Tunisie, le climat marqué par des températures élevées a contribué à la survie, à la croissance et à la reproduction de ces insectes, notamment pendant l’été 2023. Cela a permis à ces insectes de se nourrir de plantes de cactus pendant plusieurs jours voire plusieurs mois.
Isoler les zones non infectées par les cochenilles
Face aux cochenilles , il est impératif de sauvegarder le secteur de la figue de barbarie, considéré comme « un secteur prometteur et stratégique dans l’économie nationale, ainsi qu’une source de développement cruciale dans les régions rurales marginalisées », a insisté le FTDES, appelant à l’intervention et la collaboration de toutes les parties prenantes pour réduire les pertes causées par la propagation de la cochenille due aux changements climatiques. Le forum a également mis l’accent sur l’importance de fournir un soutien logistique aux habitants et aux agriculteurs des régions touchées pour lutter contre ce ravageur, en travaillant à l’isolement des zones non infectées afin de les protéger.
Il est également impérieux de suivre les conseils des experts et de les diffuser parmi les professionnels du secteur, en mettant l’accent sur la taille des figuiers de Barbarie non infectés et leur surveillance, en particulier pendant l’hiver. Cette approche permettrait d’intervenir rapidement pour contenir les foyers et de prendre les mesures nécessaires pour limiter la propagation de l’insecte, a estimé le forum. « La sauvegarde de ce secteur équivaut à la protection des moyens de subsistance des groupes vulnérables, en particulier des femmes et des éleveurs de petits bétails qui résident dans les régions marginalisées où l’injustice socio-environnementale persiste », soutient le Forum. En Tunisie, la superficie consacrée à la culture de la figue de Barbarie s’étend sur environ 600 000 hectares, comprenant 400 000 hectares de variétés lisses et 200 000 hectares de variétés épineuses. Parmi ces terres, 143 000 hectares sont des parcelles agricoles organisées, appartenant à environ 150 000 producteurs, selon les données du FTDES.
Avec TAP