« Les Italiens de Tunisie. La construction d’une communauté entre migrations, colonisations et colonialismes (1896-1918) » de l’historien Gabriele Montalbano revient sur la période entre la fin du XIXe siècle et la Première Guerre mondiale, période où le jeune Etat italien connaît un vaste mouvement migratoire qui porte plusieurs millions de ses citoyens à chercher fortune ailleurs. Si les pays américains et européens accueillent la majeure partie de cette population, d’importantes communautés s’installent également sur les côtes méridionales du bassin méditerranéen, lit-on dans la présentation du livre.
C’est notamment le cas de la Tunisie, devenue protectorat français, qui compte près de 90 000 Italiens en 1905, pour seulement 35 000 Français. Selon l’auteur, cette majorité démographique des Italiens ainsi que leur implication active dans le développement économique du territoire ne sont pas sans créer des tensions entre la France et l’Italie, pour qui la Tunisie représente une sorte de « colonie manquée » qui vient raviver ses aspirations colonialistes en Afrique. Cette communauté est également d’autant plus singulière que les ressortissants de la Péninsule, majoritairement ouvriers, se trouvent en situation intermédiaire entre la classe dominante des colonisateurs français et celle dominée des colonisés tunisiens, dont ils partagent pourtant les mêmes conditions de vie. L’étude des Italiens de Tunisie permet alors d’interroger la manière dont peut se construire une identité nationale en dehors de toute territorialité.
Gabriele Montalbano est chercheur postdoctoral à l’Université de Teramo et chargé de cours à l’Université de Bologne. Spécialiste de l’histoire des colonialismes et des migrations dans la Méditerranée du XIXe et XXe siècle, il sera présent à une rencontre prévue pour ce lundi 22 avril 2024 (17h30) à la librairie Al-Kitab-Mutuelleville.
Avec TAP