Une feuille de route nationale visant à minimiser et à valoriser les déchets textiles pré consommation (ou déchets post-industriels), a été élaborée, dans le cadre du programme SwitchMed. Il a pour principal objectif la création de chaînes de valeurs circulaires dans le secteur de l’industrie de plusieurs pays du Sud de la Méditerranée. C’est ce qu’a indiqué, jeudi 25 avril, le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), Lasaad Ben Hassine.
Basée sur les résultats de SwitchMed, dans sa composante « Textile –habillement », cette feuille de route vise à orienter les décideurs et les entreprises locales vers des pratiques plus durables dans le secteur textile. Tout en renforçant leur compétitivité et en réduisant leur impact environnemental. C’est ce qu’il a précisé lors de son intervention à un atelier de clôture du projet organisé à Tunis.
Cette feuille de route cible onze actions, dont certaines sont prioritaires à court terme (2024/2027). Ces actions visent à faciliter le recyclage des déchets de coupe des entreprises totalement exportatrices. Outre l’introduction de sessions de formation aux procédures de gestion de tri des déchets ciblant les fabricants de vêtements.
Il s’agit, également, de l’introduction de modèles économiques circulaires de conception à la circularité dans les programmes d’enseignement supérieur, la sensibilisation des acteurs opérant dans le secteur du textile et l’engagement des marques internationales dans les projets d’économie circulaire.
Ces actions ont été conçues sur la base des résultats de trois projets pilotes réalisés au sein de trois entreprises tunisiennes, a précisé M. Ben Hassine. Tout en faisant savoir que 7,5 tonnes de déchets de découpe textile ont été recyclés en 2023, produisant 46 mille mètres de tissus recyclés et 27 900 pantalons en denim contenant au moins 20 % de fibres recyclées.
En 2024, prés de 88 850 pantalons en denim ont été fabriqués à partir de deux lots de déchets traités totalisant 7,6 et 8,7 tonnes. Ce qui a permis la réduction de 17 tonnes de CO2, a-t-il ajouté.
Ces projets pilotes ont concerné également l’organisation de sessions de formations pour guider les entreprises à l’utilisation de produits chimiques non dangereux conformes au protocole ZDHC (zéro rejet des produits chimiques dangereux).
De son côté, Rym Jelassi, coordinatrice générale à la Fédération tunisienne du textile et de l’habillement (FTTH) a relevé que la Fédération œuvrera en partenariat avec les entreprises publiques et les opérants dans le secteur, à mettre en œuvre cette feuille de route. D’autant plus que son exécution ne manquera pas de développer l’industrie en Tunisie, de répondre aux demandes des marques internationales et d’améliorer la production et l’exportation du textile/habillement vers l’UE et d’autres marchés.
Mme Jelassi a souligné que la FTTH dispose d’une stratégie qui porte sur six axes, dont l’économie circulaire. Elle vise à recycler, à l’horizon de 2030, 50 % des déchets du textile-habillement, dont le volume est estimé à 31 mille tonnes par an, selon le rapport SwitchMed.
Selon les indicateurs du ministère de l’Industrie, des mines et de l’énergie, présentés par le Directeur général du textile et de l’habillement Saber Ben Kilani, les exportations du textile-habillement ont atteint, en 2023, une valeur de 9,7 milliards de dinars soit (2,9 milliards d’euros). Soit une évolution de 6 % en dinars et de 3 % en euros par rapport à l’année 2022. Réalisant ainsi un taux de couverture de 131 %.
Le secteur est classé en deuxième position en termes d’exportations, après les industries mécaniques et électriques (IMM), avec 17 % du total des exportations des industries manufacturières.
Il représente 29 % des emplois des industries manufacturières, offrant environ 154 mille emplois dans environ 1400 entreprises.
Toutefois, durant le 1er trimestre de l’année 2024, les exportations ont enregistré une baisse de près de 6 %, à cause du recul des exportations des produits phares du secteur « Pantalons jeans » et à la faiblesse de la demande de l’UE.
De son côté, le coordinateur Tunisie-Maroc du programme SwitchMed /ONUDI, Antonino Trimarchi, a fait savoir que des discussions sont actuellement en cours avec l’Union européenne. Et ce, pour lancer un nouveau projet dans d’autres secteurs qui ne sont pas encore définis, dans le cadre de la poursuite du programme SwitchMed.
S’étalant sur la période 2019-2024, SwitchMed est financé par l’Union européenne (UE) et mis en place par l’ONUDI à hauteur de 21 millions de dollars au niveau régional. Il vise à promouvoir des chaînes de valeur circulaires en Tunisie, notamment dans les secteurs du textile et de l’économie bleue (aquaculture).
Avec TAP