Un appel pour l’inscription de la Muqaddima (Les Prolégomènes) du savant tunisien Ibn Khaldoun sur le registre « Mémoire du monde », auprès de l’Unesco, a été récemment lancé par un collectif d’universitaires et d’intellectuels tunisiens et étrangers.
Le collectif réclame l’universalité de l’œuvre d’Ibn Khaldoun et « propose l’inscription conjointe de la Muqaddima sur le registre de la ‘Mémoire du Monde’ par tous les partenaires du Monde qui conservent ses manuscrits, qui les ont traduites, diffusées ou simplement valorisées par un travail critique ou analytique comme patrimoine en partage pour toute l’humanité ». Il fait état d’un processus long et complexe d’appropriation et de patrimonialisation de l’homme et de l’œuvre entamé et transmis de génération en génération, principalement à Tunis, sa ville natale.
Ibn Khaldoun (27 mai 1332-17 mars 1406) est un philosophe, historien, économiste et sociologue arabe natif de Tunis, à l’époque des Hafsides. Son œuvre colossale est une référence en matière de philosophie, d’histoire et de littérature. « La Muqaddima » (Les Prolégomènes) constitue l’un des ouvrages les plus importants d’Ibn Khaldoun, considéré comme étant le précurseur de la sociologie.
Le comité de soutien pour l’inscription de la Muqaddima dans le registre de « La Mémoire du Monde » a organisé, vendredi, à la Médina de Tunis, « un circuit sur les pas d’Ibn Khaldoun ». Le départ était de la Bibliothèque de la ville de Tunis en passant par les lieux les plus emblématiques dans la vie de cet érudit natif de Tunis telle que l’école coranique et la rue Tourbet el Bey où se trouve la maison d’Ibn Khaldoun. Des données ont été présentées par l’historien Abdessattar Amamou qui a notamment évoqué les origines andalouses de la famille d’Ibn Khaldoun et sa proximité avec le pouvoir à l’époque des hafsides.
Le dirigeant du collectif, l’historien Abdelhamid Larguèche, a présenté un projet international qui réunit des pays arabes et occidentaux ayant contribué à faire connaître l’œuvre d’Ibn Khaldoun à l’instar des écoles orientalistes françaises et anglaises. Il est également revenu sur l’histoire de la Muqaddima écrite sur des étapes au cours de ses multiples voyages entre la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et l’Egypte et dont plusieurs copies ont été offertes aux émirs de ces pays.
« Un dossier commun pour l’inscription de la Muqaddima sur le registre mémoire du monde s’inscrit dans l’universalité de l’œuvre d’Ibn Khaldoun qui existe dans plusieurs pays. Elle est aussi enseignée et traduite dans plusieurs langues », ajoute l’historien qui oeuvre sur ce dossier depuis 2017.
« Une copie de la Muqaddima, la plus ancienne, se trouve actuellement en Turquie qui s’est appropriée l’œuvre d’Ibn Khaldoun depuis l’expansion de l’empire Ottoman en Egypte» a déclaré Largueche.
Ibn Khaldoun a passé la majeure partie de sa vie dans la maison familiale à la rue Tourbet el Bey, et a étudié à l’école du quartier à, Masjed el Qoba, puis à la grande Mosquée Zitouna. Cet érudit descendant d’une grande famille andalouse a vécu près de 25 ans en Egypte où il est mort à l’âge de 74 ans.
Avec TAP