La communauté internationale réclame désormais une enquête internationale à la suite de la découverte de fosses communes dans les deux principaux hôpitaux de la bande de Gaza. Le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme s’est dit « horrifié ». Washington juge les informations « troublantes ». C’est le moins que l’on puisse dire !
Revirement spectaculaire, bien que tardif, de l’opinion publique internationale, en faveur de la cause palestinienne : de Los Angeles à Atlanta, d’Austin à Boston, en passant par Chicago, le mouvement d’étudiants américains pro-palestiniens dénonce le soutien militaire des États-Unis à Israël et la catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza. Après être parti il y a plus d’une semaine de l’université Columbia à New York, d’autres universités parmi les plus prestigieuses au monde sont concernées, telles Harvard, Yale ou encore Princeton.
Crime de guerre
Comment expliquer cette mobilisation massive de l’élite américaine contre le climat d’impunité dont jouissent les forces de l’occupation israélienne ? C’est la découverte macabre de fosses communes dans les deux plus grands établissements hospitaliers de l’enclave, l’hôpital Al-Shifa à Gaza et le complexe médical gouvernemental Nasser à Khan Younès, qui aura changé la donne. Au point que l’ONU a réclamé des « enquêtes internationales indépendantes » pour déterminer les responsabilités dans ce qui s’apparente à un « crime de guerre » dans la Charte de l’organisation onusienne.
Torture et mauvais traitements
Ainsi, dans un communiqué, le haut-commissaire aux droits de l’Homme des Nations unies, Volker Türk – qui s’est dit « horrifié » par ce qui se passe à Gaza -, demande que des « enquêtes indépendantes, efficaces et transparentes soient menées », ajoutant que « tuer intentionnellement des civils, des détenus et d’autres personnes considérées “hors de combat” est un crime de guerre ».
Pour rappel, la défense civile de la bande de Gaza a affirmé au début de la semaine avoir exhumé 200 corps enterrés dans des fosses communes à l’intérieur de l’hôpital Nasser de Khan Younès, à la suite d’un raid israélien.
Certains des corps « étaient dépouillés de leurs vêtements, ce qui indique certainement qu’ils ont été arrêtés, torturés et soumis à de mauvais traitements de la part de l’armée d’occupation, indique la même source.
Corroborant cette découverte macabre, la porte-parole du Haut-commissariat de l’ONU, Ravina Shamdasani, a déclaré lors d’un point de presse que « les victimes auraient été enterrées profondément dans le sol et recouvertes de déchets », ajoutant que des personnes âgées, des femmes et des blessés figuraient parmi les morts. D’autres auraient été « retrouvés les mains liées et sans vêtement ».
Et quid du chiffre de victimes avancé par la défense civile palestinienne ? Le nombre de deux cents personnes tuées lors du dernier assaut contre l’hôpital Nasser entre le 18 mars et début avril pourrait être « sous-estimé » ; ajoutant que les enquêteurs de l’ONU ne peuvent pas corroborer les chiffres exacts des personnes tuées dans les deux hôpitaux : « C’est la raison pour laquelle nous insistons sur la nécessité d’enquêtes internationales ».
« C’est quelque chose qui nous contraint à réclamer une enquête indépendante sur tous les soupçons et circonstances » de la découvertes de fosses communes dans la bande de Gaza parce que cela crée l’impression qu’il pourrait y avoir des violations des droits humains », a réagi pour sa part Peter Stanolcon, un porte-parole du service diplomatique de l’UE.
Justifications alambiquées
En réaction aux faits irréfutables et confirmés par la porte-parole du Haut-commissariat de l’ONU, l’armée israélienne nie avoir enterré des Palestiniens dans des fosses communes, qualifiant ces accusations d’« infondées » et « sans preuve ».
Sans ciller, le porte-parole de Tsahal soutient pour sa part avoir arrêté environ 200 « terroristes » à l’intérieur de l’hôpital Nasser lors d’une opération « précise et limitée », spécifiquement dirigée contre le mouvement palestinien Hamas, « évitant de causer des dégâts à l’hôpital, aux patients et au personnel médical ».
« L’opération menée dans la zone de l’hôpital Nasser avait pour objectif de localiser des otages israéliens et des disparus », explique le porte-parole, assurant sans vergogne que l’armée israélienne avait examiné certains corps enterrés par les Palestiniens tout en procédant avec « prudence et respect » envers la dignité des défunts, et avoir remis en place les corps qui n’étaient pas ceux d’otages.
Respect envers la dignité des dépouilles retrouvées dans les fosses communes ? Et les victimes retrouvées les mains liées et sans vêtement ? Et les corps qui auraient été enterrés profondément dans le sol et recouverts de déchets ? Le comble de l’infamie pour l’armée de l’État hébreu qui ne cesse de répéter ad nauseam suivre à la lettre les préceptes du Talmud et d’être par conséquent « l’armée la plus morale du monde ».
Et que dire de cette découverte macabre qui intervient au moment où les États-Unis, soutiens indéfectibles de l’État hébreu, ont approuvé une aide militaire de 13 milliards de dollars pour leur allié ? Une manière de donner aux forces de l’occupation israélienne le « feu vert » pour passer à un palier supérieur de leur agression contre les civils palestiniens : l’invasion en toute impunité de Rafah…