Le gouvernement britannique affirme avoir commencé à détenir des migrants en vue de leur expulsion vers le Rwanda dans les semaines à venir, dans le cadre d’une politique d’immigration controversée promue par le Premier ministre Rishi Sunak.
Dans un communiqué publié mercredi 1er mai sur son site Internet, le ministère de l’Intérieur a déclaré que les premiers immigrants illégaux étaient détenus à la suite d’une série de raids à l’échelle nationale. Plus de 2 200 espaces de détention ont été aménagés pour accueillir les personnes placées en garde à vue dans le cadre de l’opération, ajoute le communiqué.
Les personnes détenues devraient être expulsées dans les neuf à onze prochaines semaines, selon le gouvernement.
Cette décision intervient moins de deux semaines après que le Parlement britannique a approuvé le projet de loi sur la sécurité du Rwanda, qui fournit le cadre juridique pour le début des vols d’expulsion. Londres et Kigali ont initialement conclu un accord de cinq ans en avril 2022 pour que les demandeurs d’asile (toutes nationalités confondues) entrés illégalement au Royaume-Uni soient envoyés vers ce pays africain enclavé.
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L’accord a toutefois été bloqué par une intervention de la Cour européenne des droits de l’Homme, qui a bloqué le premier vol d’expulsion deux mois plus tard. La Cour suprême du Royaume-Uni a également déclaré ce projet illégal en novembre dernier.
Avant son adoption en mars 2024, le projet de loi faisant du Rwanda « un refuge sûr pour la réinstallation des réfugiés » – qui visait également à bloquer de nouvelles contestations judiciaires – s’est heurté à une forte opposition à la Chambre des Lords et aux Communes en raison de préoccupations liées aux droits de l’Homme. L’ONU et la commission parlementaire britannique des droits de l’Homme l’ont déclaré illégal, estimant que cela causerait un préjudice irréparable à la réputation du Royaume-Uni. La Chambre des Lords a déjà soutenu une motion exhortant le Parlement à ne pas la ratifier.
Mercredi 1er mai, le syndicat britannique des cadres et professionnels du service public (FDA) a annoncé qu’il avait déposé un recours judiciaire contre la législation, accusant le gouvernement « lâche et imprudent » d’ignorer les « conflits juridiques concernant les fonctionnaires ».
La Grande-Bretagne a connu ces dernières années un afflux massif d’immigrants illégaux entrant dans le pays par bateau en provenance d’Europe continentale. Selon les derniers chiffres du gouvernement, 7 167 personnes sont arrivées sur des « petits bateaux » au cours des quatre premiers mois de cette année, soit une augmentation de plus de 1 400 au cours de la même période de janvier à avril de l’année dernière.
Le gouvernement conservateur de Sunak, qui a fait de « l’arrêt des bateaux » une promesse clé depuis son entrée en fonction en 2022, a insisté sur le fait que le projet rwandais dissuaderait les migrants de traverser la Manche.