Le marché des intermédiaires serait florissant face aux menaces américaines de sanctions contre les banques chinoises.
Près de la moitié des transactions entre la Russie et la Chine sont facilitées par des intermédiaires afin d’éviter aux prêteurs chinois d’être exposés au risque de sanctions secondaires, rapporte Reuters, citant des consultants commerciaux et des banquiers, ainsi que des importateurs et des exportateurs.
En décembre 2023, le président américain Joe Biden a signé un décret qui prend des mesures supplémentaires pour s’opposer à la facilitation des transactions avec la Russie. À l’époque, le Trésor américain appelait les banques étrangères à renforcer le respect des sanctions anti-russes.
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En mars dernier, le journal russe Izvestia a révélé que plusieurs banques chinoises, dont la Banque industrielle et commerciale de Chine, avaient cessé d’accepter des paiements en yuans en provenance de Russie par crainte de sanctions secondaires, près de 80 % des paiements vers la Chine étant retournés.
Selon des sources bien informées s’adressant à Reuters sous couvert d’anonymat, les intermédiaires aidant Moscou et Pékin à effectuer des paiements transfrontaliers sont représentés par des entités juridiques à Hong Kong, au Kirghizistan, au Kazakhstan, aux Émirats arabes unis et dans d’autres pays qui ont choisi de ne pas soutenir les politiques de sanctions visant la Russie.
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Certaines entreprises auraient opté pour les services d’agents de paiement, créant ainsi des chaînes d’entreprises temporaires pour accélérer les processus de paiement.
Deux consultants russes travaillant avec des intermédiaires ont déclaré à l’agence de presse que près de la moitié des entités russes travaillant avec des entreprises chinoises optent pour leurs services, tandis que les grandes entreprises russes, dont la plupart ont été ciblées par les sanctions liées à l’Ukraine, ont établi des accords avec des intermédiaires il y a un an.
Les retards d’expédition et les transactions prolongées auraient contraint les entreprises à se tourner vers des intermédiaires, malgré des frais accrus pouvant s’élever à plusieurs milliers de dollars pour chaque transaction, ainsi qu’un risque majeur de saisies de marchandises liées aux sanctions dans des pays tiers. Selon l’une des sources, un lot important de serveurs transférés de Chine vers la Russie via le Kazakhstan a été confisqué après que l’envoi soit tombé sous le coup des sanctions américaines.
Le recours à des intermédiaires n’offre pas de garanties aux entreprises, car les paiements peuvent toujours être refusés par les banques chinoises, tandis que le caractère moins officiel de ces règlements signifie que les entreprises russes pourraient avoir du mal à récupérer leur argent. Seul un cinquième des entreprises russes auraient un accès complet à leurs comptes bancaires chinois, tandis que 30 % auraient un accès limité.
Certaines entreprises, selon des sources de Reuters, ont exprimé l’espoir que la visite du président Vladimir Poutine en Chine le mois prochain contribuerait à résoudre le problème, tandis que d’autres sont moins optimistes, l’une d’elles faisant remarquer que la Russie n’est pas une priorité absolue pour les banques chinoises, malgré l’essor des échanges commerciaux entre les deux pays.