La Turquie a annoncé, lundi 13 mai 2024, un plan d’austérité sur trois ans visant à réduire les dépenses publiques. Et ce, afin de lutter contre l’inflation qui a atteint 70 % sur un an en avril, selon les données officielles.
« Notre priorité est de lutter contre le coût de la vie élevé. Une inflation faible, à un chiffre, est nécessaire au développement durable », a déclaré le ministre de l’Economie, Mehmet Simsek, lors de la présentation du programme d’austérité à Ankara.
Le plan prévoit une série de restrictions budgétaires « pour l’ensemble du secteur public », dont certaines nécessitent que la législation soit soumise au Parlement, a expliqué le ministre.
L’achat ou la location de tout véhicule neuf du secteur public sera interdit pendant trois ans, sauf pour les « besoins obligatoires » liés à la santé, à la sécurité et à la défense.
L’utilisation des voitures importées dans le secteur public sera également interdite, a promis le ministre des Finances, et l’utilisation des transports publics sera imposée aux salariés.
La construction ou l’achat de bâtiments publics seront suspendus pendant trois ans, à l’exception des cas liés aux risques sismiques ou aux catastrophes naturelles.
Le plan prévoit également d’autres coupes budgétaires pour « maîtriser les dépenses », comme une réduction des budgets publics de 10 % pour l’achat de biens et services et de 15 % pour l’investissement, à l’exception des dépenses liées aux zones touchées par le séisme de février 2023.
Mehmet Simsek n’a pas précisé quelle sera la politique salariale du gouvernement, mais les embauches dans le secteur public seront limitées au nombre de départs à la retraite.
À la mi-avril, le ministre du Travail, Vedat Isikhan, a annoncé le gel du salaire minimum, qui augmente habituellement en juillet, contrairement aux deux années précédentes.
Le salaire minimum a augmenté de 50 % au 1er janvier pour atteindre 17 002 livres turques (489 euros).
L’inflation a atteint 69,8% sur un an en avril, contre 68,5% en mars, selon les données officielles publiées début mai.
Récemment, le gouverneur de la banque centrale turque, Fatih Karahan, a estimé que l’inflation commencerait à ralentir en juin et a révisé légèrement à la hausse ses prévisions de fin d’année, passant de 36 % à 38 %.
Par ailleurs, la flambée des prix à la consommation et la baisse de la livre turque par rapport au dollar et à l’euro sont responsables de la défaite d’Erdogan et du Parti de la justice et du développement (PJD) aux élections municipales du 31 mars.
Un groupe d’économistes turcs indépendants (Enag) estime que l’inflation a dépassé 124 % sur un an en avril, soit une hausse de 5 points de pourcentage sur un mois.