L’économie tunisienne est exposée aux évolutions économiques mondiales et doit naviguer à travers divers facteurs externes pour maintenir sa stabilité financière et sa compétitivité sur le marché international. Les données sur l’inflation aux États-Unis, dans la zone euro et au Japon seront au centre de l’attention durant cette semaine marquée par des jours fériés.
La performance du secteur manufacturier chinois sera également scrutée de près, tandis que les préoccupations concernant les perspectives de la demande pourraient continuer à peser sur les prix du pétrole. Voici un aperçu des événements à suivre sur les marchés pour la semaine à venir.
Les prix du pétrole
Les prix du pétrole ont augmenté d’environ 1 % vendredi, mais ont enregistré une perte hebdomadaire en raison des préoccupations liées aux données économiques robustes aux États-Unis qui pourraient maintenir les taux d’intérêt élevés sur une longue période. Ce qui pourrait réduire la demande de carburant.
Le Brent a clôturé en baisse de 2,1 % pour la semaine, ayant connu une baisse pendant quatre séances consécutives la semaine dernière, marquant sa plus longue série de pertes depuis le 2 janvier. Le WTI a également enregistré une baisse. L’augmentation des taux d’intérêt augmente le coût des emprunts. Ce qui peut ralentir l’activité économique et réduire la demande de pétrole.
Les analystes de Morgan Stanley (NYSE:MS) ont indiqué dans une note que la demande globale de pétrole reste robuste, prévoyant une augmentation d’environ 1,5 million de barils par jour de consommation totale de produits pétroliers cette année. Ils ont constaté que la faible demande d’essence aux États-Unis a été compensée par la demande mondiale.
Commentaire :
Une augmentation des prix du pétrole peut influencer l’économie tunisienne de différentes manières. D’une part, une hausse des prix peut augmenter le coût des importations de carburant pour la Tunisie, ce qui peut peser sur la balance commerciale.
D’autre part, si la demande mondiale de pétrole reste robuste malgré les fluctuations des prix, cela pourrait soutenir les exportations de pétrole tunisiennes, si le pays en produit.
Cependant, une réduction de la demande due à des hausses de taux d’intérêt élevées pourrait affecter négativement l’économie tunisienne qui dépend des importations de pétrole.
Données sur l’inflation aux États-Unis
L’indicateur d’inflation préféré de la Fed, l’indice des prix des dépenses de consommation personnelle (PCE), sera publié vendredi et sera attentivement surveillé pour des indications sur l’orientation future des taux d’intérêt pour le reste de l’année.
Cette publication intervient alors que les marchés s’adaptent à l’idée de taux d’intérêt plus élevés et plus persistants, à la suite des minutes de la Fed de la semaine dernière et des commentaires prudents des responsables politiques, qui ont exprimé des doutes sur la fiabilité de la trajectoire descendante de l’inflation.
Les investisseurs auront également l’occasion d’entendre plusieurs intervenants de la Fed cette semaine, dont la gouverneure Michelle Bowman, la présidente de la Fed de Cleveland Loretta Mester, la gouverneure Lisa Cook, le président de la Fed de New York John Williams et le président de la Fed d’Atlanta Raphael Bostic.
Le calendrier économique inclut également des données révisées sur la croissance du premier trimestre, prévues pour jeudi, ainsi que la publication du Livre beige de la Fed, prévue pour mercredi.
Commentaire
Les indications sur les orientations futures des taux d’intérêt aux États-Unis peuvent avoir un impact sur l’économie tunisienne, notamment en influençant les flux de capitaux et les taux de change. Des taux d’intérêt plus élevés aux États-Unis pourraient rendre les investissements internationaux moins attractifs pour les Tunisiens et avoir un effet sur la stabilité financière du pays.
Activité en Chine
La Chine publiera lundi des données sur les bénéfices industriels pour l’année en cours. Les observateurs du marché attendent avec impatience de voir si les bénéfices ont rebondi en avril après une forte baisse le mois précédent, qui avait ralenti le rythme des gains à 4,3 % pour les trois premiers mois.
Vendredi, la Chine publiera ses indices PMI officiels de la fabrication et des services. Les économistes prévoient que l’indice manufacturier restera légèrement au-dessus du seuil de 50, séparant la croissance de la contraction, pour le troisième mois consécutif en mai.
Pékin a fixé un objectif ambitieux de croissance économique d’environ 5 % pour cette année. De nombreux analystes estiment que cet objectif sera difficile à atteindre en raison de la faiblesse persistante du secteur immobilier et de la demande tiède des consommateurs, qui continuent de peser sur la deuxième économie mondiale.
Commentaire :
La performance économique de la Chine a un impact mondial significatif, y compris sur les économies des pays comme la Tunisie qui dépendent des échanges commerciaux internationaux. Une croissance ralentie en Chine pourrait réduire la demande de produits tunisiens à l’exportation, tandis qu’une croissance robuste pourrait offrir des opportunités pour les exportations tunisiennes vers la Chine.
Inflation dans la zone euro
La Banque centrale européenne a quasiment promis de réduire ses taux d’intérêt, actuellement à un niveau record de 4 %, lors de sa prochaine réunion en juin. Cependant, la rapidité de cette réduction dépendra des données sur l’inflation qui seront publiées vendredi, surtout si celles-ci montrent que les pressions sur les prix restent volatiles.
Les économistes prévoient une hausse de l’inflation annuelle dans la zone euro à 2,5 % en mai, contre 2,4 % en avril, tandis que l’inflation sous-jacente devrait rester stable à 2,7 %.
Bien que cela ne devrait pas dissuader la BCE de baisser ses taux en juin, certains responsables estiment qu’il n’est pas nécessaire d’assouplir davantage la politique monétaire.
Le calendrier économique de l’Union européenne inclut également l’indice allemand Ifo du climat des affaires, prévu pour lundi, ainsi que l’enquête de la BCE sur les attentes en matière d’inflation, prévue pour mardi.
Commentaire :
Des changements dans les politiques monétaires de la Banque centrale européenne, suite à des données sur l’inflation, peuvent affecter les taux de change entre l’euro et le dinar tunisien. Une réduction des taux d’intérêt de la BCE pourrait influencer les décisions de politique monétaire de la Banque centrale de Tunisie.
Données japonaises
Les données sur l’inflation à Tokyo, qui seront publiées vendredi, seront surveillées de près alors que les marchés tentent de déterminer quand la Banque du Japon (BOJ) pourrait relever ses taux.
Ces chiffres seront publiés deux semaines avant la prochaine réunion de politique monétaire de la BOJ, où certains anticipent une deuxième hausse des taux après la décision historique de mars.
Les décideurs politiques font face à une pression croissante pour augmenter les taux en raison de la faiblesse persistante du yen, qui affecte la consommation en augmentant le coût des importations de matières premières.
Vendredi également, le ministère des Finances publiera des données sur les interventions, couvrant les récentes interventions présumées et le programme d’achat d’obligations de la BOJ. Les traders surveilleront ces données pour évaluer la réduction potentielle des achats par la banque centrale.
Commentaire :
Les politiques monétaires de la Banque du Japon et la performance de l’économie japonaise peuvent également influencer les flux de capitaux et les échanges commerciaux avec la Tunisie. Des hausses de taux au Japon pourraient avoir des répercussions sur les conditions financières mondiales, impactant ainsi l’économie tunisienne.
===============================================
* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS, Psd-Fondateur de l’Institut Africain d’Economie Financière (IAEF-ONG)