Parmi les rubriques rarement respectées dans les différents budgets de l’Etat, nous trouvons celle des revenus des participations publiques. Exception faite de la Banque centrale, la contribution des autres entités n’est pas stable et dépend de la profitabilité de l’exercice et des besoins de garder la liquidité pour l’exploitation.
Selon le budget de 2024, l’objectif est de mobiliser 1 260 MTND, quasiment pareil à l’année dernière qui a fini par récupérer seulement 608,8 MTND.
Un mois de mars exceptionnel
Mais a priori, la cible sera atteinte pour cet exercice budgétaire, voire dépassée. En effet, jusqu’à fin mars 2024, la collecte s’élève à 868,2 MTND, un record pour une si courte période. L’essentiel a été obtenu au cours du mois de mars puisque jusqu’à fin février, seuls 152,3 MTND avaient été encaissés.
A notre meilleure connaissance, la Banque centrale de Tunisie n’a pas encore distribué ses dividendes au titre de l’exercice 2023. Elle est transparente à ce sujet et le gouverneur présente chaque année les états financiers au président de la République, puis au chef de gouvernement. Tous les documents sont ensuite publiés sur son site web. Même par rapport à la même date de l’année dernière, la somme obtenue (318,7 MTND) ne correspondait pas à ce que la BCT avait distribué (406,726 MTND).
D’où vient cet argent?
A notre avis, et bien que certaines banques publiques aient bien repris des couleurs comme La Poste, l’OACA, Tunisie Telecom ou AGIL, et soient capables de distribuer des bénéfices, trois sociétés ont réellement la capacité de générer un dividende élevé qui change la physionomie des chiffres.
Les deux premières sont la CPG et le GCT. Nous n’avons pas encore d’idées sur les bénéfices de l’exercice 2023. Mais nous sommes convaincus qu’elles doivent plutôt garder les ressources pour les investissements en cours et la reprise envisagées.
La troisième entité est l’ETAP. Ses chiffres provisoires de 2022 ne sont pas de bon augure selon le dernier rapport sur les entreprises publiques. Toutefois, ils ne sont pas définitifs. La société était, historiquement, le plus important contributeur aux revenus de participation de l’Etat et a les moyens de reprendre sa place. L’année dernière elle n’a pas pu verser le montant attendu, et les espoirs sont là pour que 2024 soit différent.
En dépit de tous les problèmes, les finances publiques sont en train de montrer une amélioration. La proportion des recettes propres augmente d’une année à l’autre. Reste que cela n’est pas totalement reflété dans le quotidien des Tunisiens, et ce pour deux raisons.
Reste à préciser qu’il n’est pas exclu que ces montants correspondent à des dividendes votés en 2023 mais qui n’ont été effectivement transférés au Trésor que cette année.
Signe d’amélioration de la gestion publique
Ce qui est sûr, et c’est le plus important dans cette histoire, est que la moisson de cette année s’avère bonne. En dépit de tous les problèmes, les finances publiques sont en train de montrer une amélioration. La proportion des recettes propres augmente d’une année à l’autre. Reste que cela n’est pas totalement reflété dans le quotidien des Tunisiens, et ce pour deux raisons.
La première est que le fardeau de la dette est colossal, et un Etat qui se respecte, doit honorer ses engagements. La seconde est qu’une grande partie des services sont subventionnés, mais l’habitude de les consommer à bas prix a fait oublier aux contribuables qu’ils coûtent de l’argent.
Il faut une plus grande dose de pédagogie pour que cette réalité soit comprise. Le Budget citoyen aide à assimiler la structure des dépenses publiques et pourra servir comme une base pour d’autres actions.