Rappeler l’histoire d’Hannibal et attribuer un prix en son nom, c’est honorer sa mémoire et son héritage. Comme le dit Marcus Garvey, « un peuple qui ne connaît pas son passé, ses origines et sa culture ressemble à un arbre sans racines ». C’est un peu comme remettre les pendules à l’heure. De plus, Hannibal est reconnu pour sa vision démocratique et anti-impérialiste, fédératrice et défendue par son armée multinationale, qui est restée loyale même dans les moments les plus difficiles.
Et puis, comme on dit « rendre à César ce qui est à César », c’est dans ce contexte que le Prix Hannibal pour la promotion des études stratégiques, sous l’égide de la Caisse des Dépôts et Consignations a été décerné à Mohamed Ennaceur, homme d’État tunisien, ancien président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et ancien président par intérim.
Rencontré en marge de cet événement, Mohamed Ennaceur a exprimé ses sentiments dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com.
Il précise dans ce contexte : « Oui, justement. C’est avec beaucoup d’émotion que je participe à cette cérémonie en tant que bénéficiaire de ce prix Hannibal. Évidemment, c’est une distinction qui m’honore. D’abord, parce que je sens que cette distinction tient sa valeur non seulement par le prestige de la personnalité historique qu’elle porte, mais aussi par les valeurs qu’elle promeut. Parmi les qualités de Hannibal, il y a ce génie stratégique, cette capacité qu’il a eue de traverser les Alpes et d’aller jusqu’au bout de ses ambitions. Finalement, ce n’est pas la personne d’Hannibal qu’on cherche à faire revivre, mais plutôt la force qu’il incarnait, qui le caractérisait, et qui lui a permis de réaliser des exploits surhumains. »
Avant d’ajouter : « Je participe donc aujourd’hui pour recevoir ce prix, mais en même temps, je voulais rendre hommage à celui qui a conçu et promu cet ensemble de prix, à savoir le réseau MED 21. MED signifie Méditerranée 21, c’est le 21ème siècle. C’est un projet ambitieux qui cherche à promouvoir la coopération et l’esprit d’excellence dans la Méditerranée, entre les pays méditerranéens, de la rive sud à la rive nord, et entre les pays méditerranéens et le reste du monde. Il vise à promouvoir des principes comme le courage, l’esprit d’entreprise et l’esprit stratégique, valeurs que portait Hannibal. Les autres prix, également nombreux et importants, représentent tous des valeurs essentielles. «
À la question de savoir comment il voit le 21ème siècle, marqué par des conflits incessants à travers le monde, M. Ennaceur a répondu : »Aujourd’hui, la situation n’est plus comme avant. Nous sommes confrontés à des conflits majeurs tels que la guerre entre la Russie et l’Ukraine, ainsi que la guerre en Palestine. Il est évident que l’esprit de coopération a complètement disparu, remplacé par une compétition à tous les niveaux : une compétition accompagnée d’une rivalité économique et politique où certains pays imposent leur domination à d‘autres. Cette vision inégalitaire et hégémonique est malheureusement devenue la norme, et elle est à l’origine des nombreux conflits que nous vivons actuellement. »
Et de poursuivre : « Quand je lis les journaux, ou j’écoute la radio, je constate l’ampleur du choc ressenti par les êtres humains face à ce qui se déroule en Palestine, entre autres. C’est un constat alarmant, témoignant d’une période profondément sombre, non seulement pour les victimes, mais pour l’ensemble de l’humanité. Les valeurs que nous défendons, celles qui transcendent les civilisations et les religions, sont actuellement maltraitées. Nous sommes confrontés à un appel urgent à l’union, à une réaffirmation des principes fondamentaux et à une révision des valeurs en péril. Cette manifestation d’aujourd’hui, outre son caractère spectaculaire et cérémonial, montre qu’il y a derrière ces valeurs que nous voulons promouvoir, dans un monde plus que troublé et à la dérive aujourd’hui. »
Le mot de la fin?
Il conclut : « Nous ne pouvons qu’avoir de l’espoir en l’avenir. Il y a malgré tout des motifs d’espérer le changement, grâce aux bonnes volontés qui existent partout et qu’il faudrait mobiliser. »