La Tunisie est souvent citée comme une pionnière dans le domaine des droits des femmes par rapport au reste du monde arabe. Cela s’explique par plusieurs réformes et lois progressistes mises en place depuis son indépendance en 1956. Cependant, entre les textes et la pratique, il y a souvent un fossé.
Un an seulement après l’indépendance, les femmes tunisiennes gagnent le droit de vote, plusieurs années avant l’Algérie et le Maroc. A noter que le Code du statut personnel (CSP), promulgué le 13 août 1967, est considéré également comme une révolution, car il déterminera la plupart des droits que les femmes tunisiennes vont obtenir.
La représentation politique
Par la suite, vint la Constitution de 2014 garantissant l’égalité entre les sexes et encourageant la parité dans les assemblées élues. En conséquence, un grand nombre de femmes de nos jours occupent des postes dans le gouvernement et les institutions politiques.
Toutefois, l’instabilité politique et économique depuis la révolution de 2011 a eu des répercussions déplorables sur le progrès du droit des femmes. Ce genre de crises permet d’exacerber les inégalités de genre et rend les politiques de soutien aux femmes moins prioritaires.
Le droit à l’avortement
En 1973, la Tunisie devient le tout premier pays africain et musulman à légaliser l’avortement sans restriction. A ce jour, elle reste le seul pays maghrébin a autoriser l’avortement à la demande de la femme. Ce droit s’inscrit dans un contexte culturel basé sur une interprétation libérale de la charia. La Tunisie est en effet l’un des seuls pays à majorité musulmane où les questions sur la polygamie, l’âge minimum du mariage, le divorce et l’avortement sont traitées de manière progressiste.
Cependant, 50 ans plus tard, plusieurs obstacles pèsent sur l’accès des femmes a l’avortement : réticences du personnel soignant; inégalités sociales et régionales; ou encore pénuries diverses. Le personnel soignant se permet d’imposer ses avis personnels sur la décision des patientes, et plus important encore, le parti islamiste d’Ennahdha considère l’IVG comme une atteinte a la vie.
Contextes ruraux et artisanaux
Les femmes tunisiennes jouent un rôle crucial dans le contexte rural, où elles contribuent de manière significative à l’économie, la société et la culture. Les femmes rurales sont essentielles à l’agriculture, pilier de l’économie tunisienne. Plusieurs compagnies axées sur l’agriculture et l’artisanat sont gérées par les femmes. Boostant les revenus des communautés rurales, tout en promouvant les productions tunisiennes comme alternatives à l’exportation.
Parallèlement, les femmes en milieu rural restent les plus affectées par les inégalités régionales. En effet, leur accès à l’éducation est limitée, impactant sur le long terme leurs opportunités économiques et sociales. Elles sont souvent obligées d’abandonner leurs études pour aider aux tâches ménagères et agricoles. L’isolément géographique, entraînant le manque d’infrastructures et de services, rend leur condition difficile à évaluer.
En somme, la Tunisie se démarque dans son progrès indéniable en matière de droits des femmes dans le monde arabe. Mais des obstacles subsistent au-delà des législations, ancrées dans des normes traditionnelles et culturelles obsolètes. La Tunisie se doit de veiller à faire évoluer ses lois pour que l’égalité homme/femme soit proprement appliquée.
Kmar Asmi