Rappeler que l’endettement adopté par Ben Ali, ainsi que par les gouvernements successifs de la transition n’a fait qu’enfoncer l’Etat dans le bourbier de la dette et que le montant du remboursement des intérêts de la dette de la dictature a atteint les 7326 millions de dinars va de soi pour Hamma Hammami. Mais au-delà des remontrances, le leader du Front Populaire se dit disposer de proposer des « mesures audacieuses » pour sortir l’économie du pays du marasme.
Lors de la présentation aujourd’hui du projet de loi de finances alternative pour l’année 2014, Hamma Hammami a conseillé au Chef du Gouvernement provisoire de délaisser ses « mesures douloureuses » et sa « ruée diplomatique à la recherche de crédits extérieurs » pour trouver d’autres issues à « la conjoncture étouffante » par laquelle passe le pays actuellement.
Les pays frères et amis auprès desquels Mehdi Jomaâ compte chercher de l’argent pourraient, par exemple, selon Hamma Hammami, « nous accorder un peu plus de temps pour le remboursement des crédits qu’il nous ont déjà accordés. » « Cela nous donnerait deux ou trois ans pour respirer un peu. », a noté le leader du Front Populaire.
L’endettement auprès des institutions financières internationales ne serait pas non plus une fatalité, bien que les deux tiers soient extérieurs et qu’il ait rogné plus de la moitié du PIB. Lotfi Aissa, l’expert économiste de la commission d’études et de stratégie économique du Front Populaire, estime que la Tunisie pourrait bien puiser dans ses ressources propres et que l’Etat ne devrait pas déserter son rôle d’investisseur et d’employeur.
Mais la vision de cet économiste repose sur des préalables incontournables pour sauver l’Etat de la faillite. Il s’agit selon lui de procéder dans l’immédiat à la suspension de la dette, dans l’attende de l’auditer, et d’en déterminer donc la partie odieuse. L’Etat devrait également revenir sur la capitalisation des trois banques publiques, STB, BH et BNA, auxquelles, le gouvernement d’Ali Laarayedh a destiné 1000 millions de dinars dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2013, et de la loi de finances de 2014. « Non seulement il est inacceptable que le peuple paye le coût de longues années de mauvaise gestion dans ces entreprises, mais même l’audit de ces institutions n’est pas encore terminé et on ne sait encore rien sur leur sort. », a justifié Lotfi Ben Aissa. Totalement opposés à la propension de Mehdi Jomaâ à la refonte du système des subventions et à la fermeture de la porte des recrutements, les experts du Front Populaire sont pour le report de la révision du dossier de la compensation et pour la création de plus de 61 mille emplois, lesquels seront notamment créés grâce à l’augmentation de 40% de la part du développement dans le budget de 2014.
Les projets de développement régional, si bien conçus et pilotés, additionnés à la réduction des dépenses de l’Etat et à l’optimisation des ressources fiscales (en annulant les mesures impopulaires et en introduisant des taxes sur les entreprises riches) permettront, selon les membres du Front Populaire, d’épargner au pays de se soumettre aux diktats impopulaires des institutions financières internationales et aux intérêts onéreux de crédits extérieurs.