Lors du 21e Forum de l’investissement en Tunisie (TIF), Alaya Bettaieb, ancien directeur général de Smart Capital, a souligné le soutien aux startups tunisiennes et l’importance de la diaspora dans ce processus. Bettaieb a également discuté de l’évolution de l’écosystème des startups de 2016 à 2024, mettant en lumière les défis actuels et les opportunités futures pour les entrepreneurs tunisiens.
L’ex-directeur général de Smart Capital a présenté les trois principaux piliers de cette initiative destinée à soutenir les startups tunisiennes qui sont :
Startup Act : un cadre juridique dédié aux startups se lançant ou s’installant en Tunisie.
Start-up écosystème : un cadre de soutien pour les organisations de soutien aux écosystèmes (OSE) et les startups, axé sur le financement, l’animation et les connexions internationales.
Start-up Invest : un nouveau cadre d’investissement pour les startups, construit autour du fonds de fonds “Anava“ d’une taille cible de 100 millions d’euros, soutenu par un incubateur de sociétés de gestion (GP) et un Fonds de Garantie des Startups.
M. Bettaieb a particulièrement insisté sur l’importance du troisième pilier, qu’il considère comme crucial pour que les startups « volent de leurs propres ailes ». Actuellement, Smart Capital propose un fonds d’investissement visant les 100 millions d’euros, avec quatre fonds opérationnels atteignant déjà plusieurs millions d’euros.
Par ailleurs, il a souligné le rôle important de la diaspora tunisienne dans le financement et le développement des startups en Tunisie. Il donne l’exemple du fonds de fonds « 216 Capital », qui comprend 20 investisseurs tunisiens, aussi bien de Tunisie que de la diaspora, démontrant ainsi l’engagement direct de la diaspora dans la levée de fonds. De plus, les membres de la diaspora aident à établir des connexions avec des investisseurs et des réseaux internationaux, facilitant l’accès à des marchés et à des fonds étrangers.
La diaspora contribue également en apportant son expertise et ses compétences pour le développement des startups et des fonds sous-jacents. Certains membres ont même créé des fonds d’investissement, jouant ainsi un rôle clé dans l’écosystème des startups en Tunisie.
Selon M. Bettaieb, la diaspora tunisienne est un acteur essentiel qui a toujours été impliqué dans la conception et la mise en place de l’écosystème des startups en Tunisie.
En somme, les initiatives comme celles de Smart Capital, combinées à l’engagement de la diaspora, continuent de jouer un rôle significatif dans le soutien et le développement des startups en Tunisie, ouvrant ainsi de nouvelles opportunités pour l’entrepreneuriat dans le pays.
Les prévisions sur l’écosystème des startups
Alaya Bettaieb décrit l’évolution de l’écosystème des startups en Tunisie entre 2016, 2019 et 2024. En 2016, l’infrastructure de soutien aux startups était encore embryonnaire. Mais en 2019, des progrès notables ont été réalisés, avec l’introduction de lois favorisant l’entrepreneuriat et l’investissement. Cette période a également vu la mise en place de divers programmes d’accompagnement pour les startups.
Aujourd’hui, en 2024, l’écosystème des startups en Tunisie est encore plus développé qu’il l’était en 2016. Bettaieb note que la Tunisie possède désormais une législation beaucoup plus robuste qu’auparavant qui encourage les entrepreneurs, les investisseurs et l’innovation. Le pays compte environ 1 040 startups labellisées, atteignant ainsi les objectifs fixés pour la fin de 2024.
En plus des startups, l’écosystème comprend maintenant 67 incubateurs, accélérateurs et startup studios partenaires de Smart Capital, qui fournissent un soutien crucial aux startups. Ce réseau est complété par 30 autres structures d’appui, totalisant ainsi 97 structures de soutien.
Outre le fonds de fonds “Anava“, la Tunisie dispose d’un réseau de « business angels » et de « crowdfunding » qui a émergé, reflétant un changement de mentalité. Des individus, locaux et issus de la diaspora, investissent dans les startups sans nécessairement rechercher des avantages fiscaux, illustrant une nouvelle culture d’investissement en Tunisie.
Cependant, il reste des défis à relever, comme l’ont mentionné les autres membres du panel. M. Bettaieb propose l’idée d’un Startup Act 2.0 ou Innovation Act, qui vise à renforcer encore l’écosystème pour qu’il continue à progresser.
Alaya Bettaieb fait état d’un aspect qui n’a pas été suffisamment abordé, selon lui, dans l’écosystème des startups tunisiennes au cours des dernières années : l’accès au marché. Il affirme que malgré les divers programmes de financement mis en place par Smart Capital, les startups ont encore du mal à accéder à des marchés plus larges. Cet accès est pourtant essentiel pour leur développement durable. Parce que sans la possibilité de pénétrer de nouveaux marchés, dit-il, les startups restent limitées dans leur croissance et dans l’exploitation de leur plein potentiel.
Bettaieb reconnaît également l’importance de l’accès à l’information pour les startups, un aspect qui a reçu beaucoup d’attention. Il est en effet crucial que les startups puissent obtenir des informations pertinentes pour leur développement et leur stratégie commerciale… Sans la capacité de vendre leurs produits et services dans de nouveaux marchés, souligne-t-il, les startups ne peuvent pas tirer pleinement parti des informations qu’elles ne reçoivent ni des financements qu’elles obtiennent.
Il évoque aussi les revendications fréquentes des startups concernant cet enjeu. De nombreuses jeunes entreprises expriment le besoin d’un accès facilité aux marchés, en particulier sur le continent africain. Elles affirment que si elles pouvaient bénéficier de « soft landing » sur ces marchés, elles pourraient « se débrouiller ». L’accès au marché leur permettrait de générer des revenus autonomes et de se développer sans dépendre entièrement des aides financières.
Selon M. Bettaieb, cette capacité à accéder à de nouveaux marchés pourrait transformer l’écosystème des startups en Tunisie, en leur offrant des opportunités de croissance plus importantes et durables.
Karim Chaabane