Dans la pittoresque médina de Tunis, un projet artistique audacieux intitulé « 1001 briques » a récemment vu le jour, illuminant la place Sidi Mfarrej d’une nouvelle splendeur. Cette initiative, portée par l’artiste suisse Anne Francey et soutenue par des mécènes suisses, vise à mettre en lumière les talents souvent invisibles de personnes marginalisées et souvent négligées par la société tunisienne.
Une fresque comme expression de diversité
Plus de 550 participants, issus de divers horizons et conditions sociales, ont collaboré pendant un an à la création de cette fresque monumentale. Chacun a contribué à sculpter et peindre des briques en terre cuite, créant ainsi un bas-relief inspiré du folklore des Mille et une nuits. Cette œuvre collective, installée sur une place historique protégée par l’Unesco depuis 1979, symbolise non seulement l’art participatif mais aussi une vision de communauté et d’inclusion.
Anne Francey, l’artiste visionnaire derrière ce projet, explique que l’objectif était de donner une voix aux « invisibles », tels que les jeunes déscolarisés et les personnes handicapées, souvent relégués aux marges de la société. Pour elle, ces individus ont contribué à une « ville métaphorique », où chaque brique raconte une histoire et chaque participant affirme son existence à travers l’art.
Un impact social et urbain significatif
La place Sidi Mfarrej, autrefois négligée et parfois utilisée comme parking ou décharge, connaît maintenant une renaissance grâce à « 1001 briques ». Raouf Haddad, natif du quartier, témoigne de la transformation progressive de cet espace public en un lieu vibrant et attractif. Il envisage un avenir où toute la médina pourrait bénéficier d’une revitalisation similaire, inspirée d’exemples internationaux comme le Batman Alley à Sao Paulo.
Vers une société plus harmonieuse
Au-delà de l’aspect artistique, le projet aspire à promouvoir la cohésion sociale et à inspirer une réflexion sur l’utilisation des espaces publics. Firas Khlifi, responsable communautaire, voit en « 1001 briques » une opportunité d’attirer de nouveaux projets et événements culturels dans un quartier riche en potentiel mais souvent sous-utilisé.
Pour les participants comme l’Italienne Anna Di Curzio, impliquée dans la création des briques, cette expérience représente une occasion unique de contribuer à un projet artistique d’envergure internationale tout en laissant une empreinte durable sur la communauté locale.
En révélant les talents cachés au cœur de la médina de Tunis, « 1001 briques » transcende les frontières de l’art traditionnel pour devenir un symbole de résilience et d’inclusion. À travers cette fresque, les « invisibles » trouvent une voix pour s’exprimer, affirmant leur présence au sein d’une société en pleine transformation. Avec l’espoir que cette initiative inspire d’autres projets similaires, Tunis s’engage sur la voie d’une ville où la créativité et la diversité sont célébrées dans chaque recoin de ses ruelles historiques.
Kmar Asmi