Les nouvelles règles budgétaires de l’Union européenne ne fonctionneront que si les pays ayant des niveaux d’endettement élevés et d’importants déficits budgétaires font un réel effort matériel et politique pour remettre de l’ordre dans leurs finances publiques, note le Fonds monétaire international (FMI).
« Le nouveau cadre de gouvernance économique de l’UE nécessitera un ajustement budgétaire significatif dans de nombreux États membres, ainsi qu’un soutien politique soutenu pour être mis en œuvre comme prévu ». C’est ce qu’a déclaré le Fonds dans un rapport publié jeudi 20 juin 2024.
La France, l’Italie et cinq autres pays ont été réprimandés mercredi par l’UE pour avoir enregistré d’importants déficits budgétaires. C’est la première étape d’un processus qui mettra à l’épreuve la volonté des pays à se conformer aux exigences de la Commission et la détermination du bloc à appliquer son nouveau système.
Les règles budgétaires de l’UE ont été réactivées plus tôt cette année après avoir été suspendues à partir de 2020 pour faciliter les dépenses nationales extraordinaires nécessaires pour lutter contre la pandémie de Covid-19 et la crise énergétique. Les pays peuvent faire face à des censures de la part des autorités pour avoir des déficits dépassant la limite de 3 % du bloc, les soumettant à la procédure dite de déficit excessif, qui nécessite des mesures correctives et peut conduire à des amendes en cas de non-respect.
« Les plans budgétaires et structurels à moyen terme attendus en septembre 2024 devraient être soutenus par une stratégie budgétaire claire, des réformes structurelles qui renforcent la croissance et la résilience, et des mesures de haute qualité », a déclaré le FMI.
La réprimande de la Commission européenne intervient alors que la France est confrontée à des élections législatives et à la perspective d’un vainqueur venant soit de l’extrême droite, soit d’une coalition comprenant des partis de gauche radicale. Ce qui fait craindre aux marchés qu’il y ait moins d’efforts pour contrôler les finances publiques.
Parallèlement, la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a fait des promesses coûteuses aux électeurs, notamment des réductions d’impôts sur les salaires d’un montant total d’environ 10 milliards d’euros (10,7 milliards de dollars). Ce qui pourraient compliquer les projets de contrôle des finances publiques italiennes.
Les deux pays ont des déficits élevés et une dette bien supérieure à 100 % de leur PIB. Les autres pays confrontés à des réprimandes sont la Belgique, la Hongrie, Malte, la Pologne et la Slovaquie. La Roumanie était déjà confrontée à un DYE.
« Il est très important d’assurer la crédibilité du nouveau cadre budgétaire », a déclaré jeudi à la presse la ministre finlandaise des Finances, Riika Pura, avant une réunion de ses homologues européens à Luxembourg.
Le FMI encourage également l’UE à poursuivre sur la voie de l’intégration des marchés financiers, à éviter de prendre du retard par rapport à ses pairs à l’échelle mondiale et à réaliser ses ambitions en matière de sécurité énergétique, d’atténuation du changement climatique et de transition numérique.
« L’intégration de marchés de capitaux nationaux fragmentés dans une union des marchés de capitaux contribuerait à promouvoir ces objectifs en améliorant le financement de projets d’investissement innovants à long terme, en augmentant les opportunités de partage des risques et en renforçant le partage de l’épargne dans l’UE », indique encore le rapport.
La promotion de l’union bancaire et la ratification du traité MES de l’UE devraient également être « une priorité », conclut le Fonds.