Tokyo serait sous surveillance du Département du Trésor pour pratiques de change potentiellement déloyales.
Le département du Trésor américain a ré ajouté hier le Japon à sa liste de surveillance des changes, où son nom était absent depuis juin 2023. Il rejoint la Chine, le Vietnam, Taïwan, la Malaisie, Singapour et l’Allemagne.
Cette cotation intervient après que le Japon a repris ses interventions sur le marché des changes pour stopper la chute rapide du yen par rapport au dollar américain en avril et mai.
Tokyo a dépensé 9.800 milliards de yens (61,6 milliards de dollars) entre avril et mai de cette année pour endiguer sa dépréciation, après que la monnaie japonaise ait atteint le 29 avril son plus bas niveau en 34 ans à 160,245 pour un dollar américain.
Le Département du Trésor ajoute les principaux partenaires commerciaux des États-Unis à la liste de surveillance des devises lorsqu’il cherche à évaluer si le pays a manipulé ses taux de change pour obtenir un avantage commercial injuste.
Les pays sont automatiquement ajoutés s’ils répondent à deux des trois critères : un excédent commercial avec les États-Unis d’au moins 15 milliards de dollars, un excédent du compte mondial supérieur à 3 % du PIB et des achats nets unilatéraux persistants de devises d’au moins 2 % du PIB sur 12 mois.
Dans son rapport semestriel publié avant-hier jeudi, le département du Trésor a déclaré que le Japon, l’Allemagne, Taiwan et le Vietnam remplissaient tous les critères d’un excédent commercial significatif avec les États-Unis, ainsi que d’un excédent courant démesuré.
Le rapport cite l’excédent commercial élevé du Japon de 62,4 milliards de dollars avec les États-Unis l’année dernière et son excédent du compte courant mondial de 3,5 % du PIB en 2023, contre 1,8 % en 2022.
Alors que le Département du Trésor a déclaré que les récentes interventions de change de Tokyo pour soutenir la valeur du yen n’étaient pas un facteur dans la décision de placer le pays sur la liste, il a noté que « l’intervention ne devrait être réservée qu’à des circonstances très exceptionnelles avec des consultations préalables appropriées ».
Le rapport couvre les données économiques des 20 plus grands partenaires commerciaux des États-Unis pour les quatre trimestres de 2023.
Bien que les autorités américaines aient déclaré que le Japon était « transparent en ce qui concerne les opérations de change », le ministre des Finances du pays, Shunichi Suzuki, a déclaré hier vendredi que Tokyo maintiendrait une communication étroite avec Washington en ce qui concerne la politique monétaire après la réinscription.