Dans le récent rapport intitulé « Banking Turmoil and Regulatory Reform » du Centre for Economic Policy Research, publié le 6 juin 2024, les auteurs tentent de déterminer les origines de la crise du début de l’année 2023, ainsi que ses conséquences sur la réglementation financière. La crise récente du système bancaire a secoué le monde de la finance, avec la faillite de la Silicon Valley Bank, au terme d’une politique monétaire ultra-accommodante. Cette crise résulte d’une dépendance excessive envers les dépôts non garantis, dans un contexte d’accroissement rapide de la masse monétaire.
Bien que certaines banques aient été considérées comme solvables en raison de leur conformité aux exigences prudentielles, elles ont néanmoins été fortement affectées par la crise. Les retraits massifs des dépôts bancaires non garantis ont conduit à une forte augmentation des risques de liquidité des banques et à la faillite de certaines d’entre elles. En effet, les banques agissent aujourd’hui dans un environnement où le développement numérique est en forte croissance, où l’horizon temporel est de plus en plus court et où les règles prudentielles ne s’adaptent pas rapidement à ces changements.
Lors de cette crise, la finance numérique et les réseaux sociaux ont accéléré la vitesse des retraits et le risque de contagion. La finance digitale a non seulement simplifié les transferts électroniques, mais les a rendus aussi instantanés, et les réseaux sociaux, quant à eux, ont contribué à la circulation rapide de l’information.
Ces changements majeurs dans le système bancaire fragilisent la stabilité financière. Le rapport souligne l’importance d’avoir une approche globale pour la stabilité du secteur bancaire en prenant des mesures qui vont à la fois préserver la stabilité financière des retraits massifs des dépôts bancaires non garantis, dans un environnement amplifié par les services bancaires numériques, et prendre en considération les interactions potentielles avec la politique monétaire.
Les auteurs soulignent l’importance de renforcer les cadres règlementaires en y introduisant un horizon temporel plus court, afin de donner des outils plus solides de supervision et une réforme des fonds de garantie de dépôts qui permettrait d’avoir des garanties suffisamment liquides pour rassurer les déposants et éviter la panique. Bref, protéger le système bancaire d’une nouvelle crise est un exercice difficile à l’heure de la digitalisation.
Par Noura Harboub-Labidi
Cette chronique est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin N° 897 – du 19 juin au 3 juillet 2024