Le Forum international Afrique Développement (FIAD), qui se tient au Maroc, les 27 et 28 juin, sous les auspices d’Attijariwafa bank, a été marqué par le discours du secrétaire général de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), Wamkele Mene.
Il se dit confiant dans le développement et la prospérité de l’Afrique, mettant l’accent sur les opportunités d’investissement et les défis économiques de l’Afrique, et appelle en conséquence à l’action pour l’avenir de l’Afrique.
Il entame son intervention sur le thème du forum de cette année, « Ici, nous investissons », qui résonne profondément avec les aspirations du continent africain à attirer des investissements, stimuler la croissance économique et favoriser la durabilité.
M. Mene a souligné que la ZLECAf, ratifiée par 47 pays, joue un rôle crucial dans l’intégration du marché africain, visant à surmonter la fragmentation héritée de l’époque coloniale.
Protocole sur l’investissement : un outil essentiel
L’un des outils clés présentés par la ZLECAf est le “Protocole sur l’investissement“, qui établit un régime réglementaire harmonisé pour le traitement et la protection des investisseurs. Ce protocole est vital pour attirer des investissements dans les infrastructures et les secteurs manufacturiers, essentiels pour construire des chaînes de valeur régionales et stimuler le commerce intra-africain.
Le secrétaire général de la ZLECAf a insisté sur le rôle central du secteur privé dans la création d’emplois et l’innovation. Il a rappelé que ce sont les entreprises, et non les gouvernements, qui commercent et innovent. Le rôle des gouvernements et des ministres du Commerce est de créer un cadre réglementaire propice pour permettre au secteur privé de prospérer.
Secteurs prioritaires pour l’Afrique
Le secteur automobile est un exemple édifiant quant au potentiel de croissance du continent. Actuellement, l’Afrique produit 1,2 million de véhicules par an, un chiffre qui devrait atteindre 5 millions d’ici 2035. Le continent a donc une opportunité unique de créer un marché africain pour le secteur automobile, permettant à chaque pays de participer à la chaîne de valeur des composants si ce n’est produire des véhicules : “Tous les pays ne produiront pas un véhicule, mais chaque pays a la possibilité de participer à la chaîne de valeur des composants du secteur automobile ».
D’autre part, avec l’aide du Forum économique mondial, le plan d’action pour le secteur privé a été lancé au début de l’année 2024 et, grâce a ce plan, trois à quatre secteurs prioritaires ont été identifiés qui présentent des opportunités d’investissement significatives, représentant plus de 130 milliards de dollars.
Ces secteurs comprennent l’agriculture et l’agroalimentaire, l’automobile, les produits pharmaceutiques, ainsi que les transports et la logistique. Cependant, nous devons agir rapidement au risque que ces derniers ne soient exploités par d’autres entreprises internationales.
Défis et opportunités
Wamkele Mene a également abordé le manque de production en Afrique. Par exemple, en 2019, le continent africain a importé pour 16,2 milliards de dollars de produits pharmaceutiques.
En outre, l’inexploitation du potentiel agricole, malgré le stress alimentaire sur le continent, a été citée. Ainsi, le continent importe annuellement plus de 50 milliards de dollars de nourriture, alors que plus de 60 % des terres arables mondiales se trouvent en Afrique. Le patron de la ZLECAf donne l’exemple des graines disponibles au Zimbabwe, en Ouganda et en Éthiopie, qui pourraient contribuer à la sécurité alimentaire de l’Afrique.
D’autres défis, tels que le déficit en infrastructures estimé à 150 milliards de dollars par an, entravent le développement du continent. Wamkele Mene voit toutefois ces obstacles comme des opportunités pour mobiliser des fonds privés et des investissements. “Ce déficit d’infrastructures est, je crois, une opportunité pour nous de mobiliser notre secteur privé, nos fonds de pension, nos fonds souverains, nos capitaux privés”.
Il a également évoqué des initiatives comme le Système Panafricain de Paiement et de Règlement, adopté récemment, qui permet de commercer en monnaie locale, réduisant ainsi les coûts élevés de convertibilité des devises internationales.
En conclusion, le Secrétaire général de la ZLECAf appelle à une action concertée pour transformer les potentiels en réalités. Citant Thomas Sankara, il a encouragé les Africains à « oser inventer l’avenir », soulignant que la ZLECAf est une opportunité unique pour l’Afrique de devenir compétitive à l’échelle mondiale. D’ici 2035, la ZLECAf pourrait sortir 50 millions de personnes de la pauvreté extrême et contribuer de manière significative au PIB africain. Mais cela nécessitera des efforts délibérés et une prise en main de leur propre destin par les Africains eux-mêmes.
Karim Chaabane