Le Parti travailliste britannique est revenu au pouvoir, jeudi 4 juillet 2024, après quatorze longues années dans l’opposition; et ce, suite aux élections législatives anticipées. Alors qu’un électorat blasé lui a accordé une victoire écrasante; mais aussi une tâche colossale pour revigorer une économie stagnante et une nation démoralisée.
Un sondage de sortie des urnes a montré que le Parti travailliste remporterait 410 des 650 sièges du Parlement. Le parti conservateur du Premier ministre Rishi Sunak ne devrait remporter que 131 sièges, soit la pire performance électorale de son histoire.
Le chef du Parti travailliste, Keir Starmer, deviendra officiellement Premier ministre plus tard dans la journée, ramenant son parti au pouvoir moins de cinq ans après avoir subi sa pire défaite depuis près d’un siècle. Il prendra ses fonctions au 10 Downing Street, quelques heures après le décompte off des voix.
« Un mandat comme celui-ci s’accompagne d’une grande responsabilité », a reconnu M. Starmer dans un discours devant ses partisans. Tout en affirmant que la lutte pour regagner la confiance des gens après des années de désillusion « est la bataille qui définit notre époque ».
Pour sa part, Rishi Sunak a reconnu que les Travaillistes avaient remporté les élections britanniques. C’était lors d’une conférence de presse à Londres, indiquant le Parti travailliste offrirait « la lumière de l’espoir, pâle au début, mais devenant plus forte au fil de la journée ».
Le triomphe et les défis des Travaillistes
Pour M. Starmer, c’est un triomphe massif qui apportera d’énormes défis, alors qu’il fait face à un électorat fatigué et impatient de changement. Et ce, dans un contexte sombre de malaise économique, de méfiance croissante envers les institutions et d’effilochage du tissu social.
Anand Menon, professeur de politique européenne et d’affaires étrangères au King’s College de Londres, a déclaré que les électeurs britanniques étaient sur le point de constater un changement marqué dans l’atmosphère politique par rapport à la tumultueuse « politique comme pantomime » des dernières années.
« Je pense que nous allons devoir nous habituer à nouveau à un gouvernement relativement stable, avec des ministres qui restent au pouvoir assez longtemps et avec un gouvernement capable de penser au-delà du très court terme et de se fixer des objectifs à moyen terme », a-t-il déclaré.
La Grande-Bretagne a traversé une série d’années mouvementées, dont certaines sont imputables aux conservateurs eux-mêmes, d’autres non. Laquelle a laissé de nombreux électeurs pessimistes quant à l’avenir de leur pays. La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, suivie de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine, tout ceci a mis à mal l’économie.
Ainsi, le successeur de Johnson, Liz Truss, ébranlait encore l’économie avec un ensemble de réductions drastiques des impôts et n’est restée au pouvoir que 49 jours. La pauvreté croissante, les infrastructures en ruine et le système de santé publique surchargé ont suscité des critiques sur la « Grande-Bretagne brisée ».
Si le résultat semble aller à l’encontre des récents glissements électoraux vers la droite en Europe, notamment en France et en Italie, de nombreux courants populistes sous-jacents se retrouvent au Royaume-Uni. Le chef de file du parti Reform UK, Nigel Farage, a perturbé la campagne avec le sentiment anti-immigré de son parti qui prône le « retour de notre pays »