Le contexte économique général
À la fin du mois de juin 2024, la Tunisie continue de naviguer dans un contexte économique particulièrement difficile. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation, notamment:
La dette publique tunisienne reste une source majeure de préoccupation, atteignant près de 90% du PIB. Ce niveau élevé de dette limite la capacité du gouvernement à investir dans de nouveaux projets sans augmenter l’endettement, posant ainsi des contraintes significatives sur les finances publiques.
Le déficit budgétaire demeure élevé, alimenté par une hausse des dépenses publiques. Le gouvernement a dû augmenter ses dépenses pour atténuer les impacts économiques de la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières, aggravant ainsi le déséquilibre budgétaire.
L’inflation continue de grimper, en grande partie en raison de l’augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Cette inflation persistante réduit le pouvoir d’achat des ménages et intensifie les tensions sociales.
Le dinar tunisien s’est encore déprécié face aux principales devises, ce qui renchérit le coût des importations et alimente davantage l’inflation.
Les réserves de change sont sous pression, affaiblies par des exportations stagnantes et une baisse des entrées de devises étrangères, notamment des revenus du tourisme et des transferts de la diaspora.
Les perspectives à court terme
À court terme, le gouvernement tunisien devra mettre en œuvre des mesures strictes de rigueur budgétaire pour réduire le déficit. Cela pourrait inclure la réduction des subventions, en particulier sur les carburants et les denrées alimentaires, ainsi que l’amélioration de l’efficacité de la collecte des impôts.
La mise en place rapide des réformes structurelles est essentielle. Des réformes dans les secteurs de l’énergie, des retraites et de la fonction publique sont nécessaires pour restaurer la confiance des investisseurs et des institutions internationales.
Continuer les négociations avec le Fonds Monétaire International (FMI) est crucial pour obtenir des financements supplémentaires et des facilités de paiement pour la dette existante. L’appui du FMI pourrait également renforcer la crédibilité de la Tunisie sur les marchés financiers internationaux.
Les perspectives à moyen terme
À moyen terme, il est impératif pour la Tunisie de diversifier son économie afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des secteurs vulnérables comme le tourisme et l’agriculture. Le développement des secteurs technologique et manufacturier est une priorité pour assurer une croissance durable.
La simplification des procédures administratives et la lutte contre la corruption sont cruciales pour attirer les investissements étrangers. Un environnement d’affaires plus favorable peut stimuler l’entrepreneuriat et encourager les investissements directs étrangers.
L’amélioration de la compétitivité des produits tunisiens sur les marchés internationaux est essentielle. Diversifier les marchés d’exportation et renforcer les capacités de production peuvent aider à réduire le déficit commercial.
Investir dans les infrastructures de transport et de logistique peut stimuler la croissance économique et faciliter le commerce intérieur et extérieur. Des infrastructures modernes et efficaces sont un atout pour attirer les investissements et soutenir le développement économique.
Enfin, la Tunisie se trouve à un tournant crucial de son développement économique. Les défis financiers actuels nécessitent des mesures audacieuses et des réformes structurelles pour stabiliser l’économie et poser les bases d’une croissance durable. Les perspectives à court et moyen termes dépendent fortement de la capacité du gouvernement à mettre en œuvre ces réformes et à renforcer les fondamentaux économiques.
Dr. Tahar El Almi,