Depuis quelques années, la France fait face à une instabilité politique croissante. Les mouvements sociaux, les protestations et les crises gouvernementales se succèdent. Laissant entrevoir une incertitude qui pourrait avoir des répercussions bien au-delà des frontières hexagonales.
Une question cruciale se pose alors : cette instabilité politique en France constitue-t-elle une menace pour l’économie des pays du Maghreb?
Les relations économiques franco-maghrébines : des hauts et des bas…
La France entretient des relations économiques étroites avec les pays du Maghreb, notamment l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Ces relations se manifestent par des échanges commerciaux, des investissements directs étrangers (IDE) et une coopération dans divers secteurs tels que l’industrie, l’énergie, et l’agriculture.
En 2022, les échanges commerciaux entre la France et le Maghreb représentaient plusieurs milliards d’euros.
En outre, la France est l’un des principaux partenaires commerciaux et investisseurs étrangers dans ces pays. Ce qui signifie que toute perturbation en France pourrait potentiellement affecter l’économie maghrébine.
Les risques de l’instabilité politique française : une donnée nouvelle…
Car les élections récentes, en France, ont débouché sur un contexte nouveau d’instabilité avec des risques majeurs.
Le premier est que l’instabilité politique en France peut entraîner une diminution des IDE vers les pays du Maghreb. Les entreprises françaises, face à une incertitude politique et économique, pourraient hésiter à investir à l’étranger. Et ce, en préférant se concentrer sur la stabilisation de leurs activités domestiques.
Une baisse des IDE pourrait donc freiner le développement de projets économiques et industriels importants dans la région maghrébine.
Le deuxième est que les mouvements sociaux en France, tels que les grèves dans les secteurs des transports et des douanes, peuvent perturber les chaînes d’approvisionnement et affecter les exportations et importations entre la France et le Maghreb.
Les retards et interruptions dans les échanges commerciaux peuvent alors avoir des répercussions négatives sur les entreprises maghrébines. Lesquelles dépendent des importations françaises pour leurs matières premières ou qui exportent vers le marché français.
Le troisième est que le secteur du tourisme, crucial pour l’économie de nombreux pays maghrébins, pourrait également être affecté. La France est une source majeure de touristes pour le Maghreb. L’instabilité politique dans ce pays pourrait dissuader les touristes français de voyager. Ce qui pourrait entraîner une baisse des revenus touristiques pour des pays comme la Tunisie et le Maroc.
Malgré ces risques, les économies du Maghreb disposent de certaines capacités de résilience. Diversifier les partenaires économiques et les sources d’investissements peut atténuer la dépendance excessive à l’égard de la France. Par exemple, renforcer les relations économiques avec d’autres pays européens, asiatiques, et américains pourrait offrir des alternatives en cas de perturbations provenant de France.
De plus, les réformes structurelles et les initiatives locales visant à améliorer le climat des affaires et à attirer des investissements étrangers peuvent également renforcer la stabilité économique du Maghreb.
Les pays maghrébins peuvent aussi se concentrer sur le développement de secteurs clés tels que les technologies de l’information, les énergies renouvelables et l’agriculture Et ce, pour diversifier leurs économies et réduire leur vulnérabilité face aux chocs externes.
En définitive, l’instabilité politique en France constitue indéniablement un risque pour l’économie des pays du Maghreb, en raison des liens économiques étroits entre ces régions.
Cependant, par des stratégies d’adaptation et de diversification, les pays maghrébins peuvent atténuer ces risques et renforcer leur résilience économique.
Au final, la coopération régionale et internationale ainsi que les réformes internes joueront un rôle crucial pour assurer une croissance économique durable et stable dans le Maghreb; même face à des turbulences politiques chez leur partenaire historique, la France.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)