Fin d’un suspens savamment entretenu : le chef de l’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune, 78 ans, vient d’officialiser sa candidature à l’élection présidentielle. Sa réélection semble assurée, faute de concurrence sérieuse.
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, dont le premier mandat s’achève en décembre prochain, a annoncé, jeudi 11 juillet, son intention de briguer un second mandat, dans une vidéo postée sur la page FB de la présidence. En mars, il avait annoncé la tenue d’une élection présidentielle anticipée le 7 septembre.
Surprise et perplexité
Or, la décision annoncée le 21 mars dernier d’avancer l’élection présidentielle aura suscité surprise et perplexité. Car, depuis l’indépendance, aucune campagne électorale n’a eu lieu en Algérie en plein été ; une saison marquée par le farniente, les cérémonies de mariage et la ruée vers les plages à cause des chaleurs extrêmes.
Bref, une saison peu propice aux activités politiques.
Une décision « purement technique », a rétorqué le chef de l’Etat algérien en admettant que « décembre n’est pas la date officielle à laquelle nous organisons habituellement les élections en Algérie. Le reste n’est que philosophie et conjectures ».
Surfer sur le bilan économique
Ainsi, lors d’un entretien jeudi 11 juillet avec la presse dont des larges extraits ont été publiés sur le site de la présidence algérienne, le maître du palais d’Al-Mouradia annonce, dans le décor somptueux du Palais du peuple à Alger lors d’une interview télévisée, qu’il était candidat à sa propre succession.
« La situation politique, économique et sociale s’est nettement améliorée, est-ce que vous allez continuer, vous représenter ? », lui demande un journaliste.
«À la demande de plusieurs partis et organisations politiques et non politiques et de la jeunesse, je pense que le moment est venu d’annoncer que je me présente pour un deuxième mandat, comme le permet la Constitution », répond-il, tout en précisant non sans humilité que « le peuple algérien aura le dernier mot à ce sujet ; toutes les victoires obtenues sont les victoires du peuple algérien, et non les miennes ».
Le mois de septembre, a-t-il ajouté, est « le moment propice pour la tenue de ce rendez-vous électoral, car coïncidant avec la fin des vacances d’été et le début de la rentrée sociale pour de nombreux Algériens à l’intérieur et à l’extérieur, qui pourront ainsi exprimer leur voix ».
Surfant sur un bilan économique incontestable, le président sortant rappela lors de l’interview de jeudi 11 juillet que « les recettes de l’État ont augmenté, la saignée du Trésor relève du passé et l’Algérie a récupéré les fonds dilapidés, estimés en milliards de dollars ».
Et de conclure : « le citoyen algérien aujourd’hui jouit de tous ses droits et accomplit ses devoirs ».
Pour rappel, succédant à Abdelaziz Bouteflika, qui aura présidé aux destinées de l’Algérie durant une vingtaine d’années avant d’être poussé à la démission en 2019 sous la pression de l’armée et du Hirak alors qu’il briguait un pathétique cinquième mandat, l’actuel président-candidat remporta la dernière élection en 2019 avec 58,13 % des suffrages alors que le taux d’abstention battait un record.
Des candidatures de figuration ?
A noter qu’à part l’actuel hôte du palais d’Al-Mouradia, plusieurs personnalités ont déjà annoncé leur candidature, à l’instar du premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), le plus ancien parti d’opposition, Youcef Aouchiche, et le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), principal parti islamiste, Abdelaali Hassani.
A savoir que trois femmes ont également annoncé leur candidature à la magistrature suprême. Louisa Hanoune, la cheffe du Parti des travailleurs d’obédience trotskiste, qui s’était déjà présentée aux présidentielles de 2004, 2009 et 2014 et qui fut condamnée en 2019 par un tribunal militaire, en plein Hirak, à quinze ans de prison pour « complot avec réunion » visant à « porter atteinte à l’autorité de l’État et de l’armée ».
Saida Neghza, la redoutable femme d’affaires à la tête d’une des plus importantes organisations patronales.
Et enfin, Zoubida Assoul, présidente du parti d’opposition Union pour le changement et le progrès (UCP), et ex-magistrate engagée dans la défense de libertés. « Les personnes qui considèrent que ma candidature servirait à légitimer le pouvoir se fourvoient, puisque ni l’UCP ni moi-même ne sommes des alliés du système », avait-elle déclaré à la presse en précisant qu’elle ne ferait pas de la « figuration ».
Au final, la réélection du président sortant étant d’ores et déjà acquise, l’unique enjeu de la présidentielle anticipée demeure le taux de participation. Sachant qu’aux dernières législatives de juin 2021, le taux officiel a été de 23,02 %, alors que le taux de participation à la dernière présidentielle de 2019 plafonnait à 39,88 %.