Nous revenons en détails à l’activité de financement des startups de la région MENA au cours du premier semestre 2024. Nous allons nous baser sur les chiffres fournis par Wamda.
Comme partout dans le monde, le rythme a été ralenti avec 38 startups technologiques dans la région MENA qui ont réussi à lever 116 millions de dollars au mois de juin, portant le total semestriel à 882 millions de dollars. Le seul deuxième trimestre de 2024 a connu une légère augmentation du financement, où 98 startups ont collecté 453 millions de dollars. Soit une augmentation de 5 % en glissement séquentiel et un recul de 9 % en rythme annuel.
Il y a beaucoup de tensions et de flou dans la région durant une première moitié de l’année. La guerre à Gaza et le risque d’une escalade militaire potentielle dans la région ont jeté leur ombre sur l’écosystème des startups. Les sociétés de capital-risque ont choisi de s’inscrire dans l’attentisme, conduisant ainsi à une chute de 46 % du financement total au premier semestre de l’année, par rapport aux 1,6 milliard de dollars enregistrés au cours de la même période en 2023. Toutefois, si l’on exclut les 644 millions de dollars de financement par emprunt au premier semestre 2023, le repli sera uniquement de l’ordre de 12 % en glissement annuel.
Les Emirats brillent, l’Egypte suffoque
Géographiquement, et sans surprise, les Émirats arabes unis ont conservé leur place en tant qu’écosystème le mieux financé de la région, avec 91 startups qui ont levé 455,5 millions de dollars au premier semestre 2024. Cependant, ils n’ont pas échappé à la tendance globale puisque sur la même période en 2023, les montants obtenus totalisaient 604 millions de dollars.
La seconde place est réservée à l’Arabie saoudite qui a attiré 300 millions de dollars du financement total, en baisse également par rapport aux 554 millions de dollars de l’année dernière.
L’Egypte complète le podium avec 33 startups ayant levé 83 millions de dollars, en chute libre de 80 % comparativement à la première moitié de 2023. Les conditions macroéconomiques difficiles ont lourdement pesé sur l’attractivité du pays et de ses entreprises.
Notons que la Tunisie occupe la 6ème place du classement avec 8,3 millions de dollars mobilisés sur les six premiers mois de l’année.
La Fintech détrônée
Par secteur, la proptech (la technologie immobilière) s’est imposée comme l’un des secteurs préférés des investisseurs, attirant 200 millions de dollars sur 14 opérations, suivie des startups SaaS qui se sont classées en 2ème position, attirant 164 millions de dollars à travers 23 transactions. En troisième position, on retrouve la Fintech parmi les secteurs les plus financés (156 millions de dollars sur 50 opérations). Viennent ensuite les startups du commerce électronique (33,6 millions de dollars en 19 transactions) et les Foodtech (24 millions de dollars).
Le modèle business-to-consumer (B2C) a été durement touché cette année, avec 356 millions de dollars levés dans le cadre de 86 opérations, soit une baisse de 64 % par rapport à l’année précédente.
En revanche, le secteur business-to-business (B2B) a connu une hausse vertigineuse de 153 %, passant de 186,6 millions de dollars au premier semestre 2023 à 473 millions de dollars en 2024.
Par cycle de vie, les investisseurs continuent à privilégier la phase d’amorçage, finançant 52 tours d’amorçage avec 131 millions de dollars. Les startups de pré-série A ont levé 96 millions de dollars en 17 opérations.
Tous les signes convergent vers un troisième trimestre avec les mêmes tendances. Toutefois, avec les récentes constitutions de fonds, il se peut que les chiffres affichent une petite amélioration, sans parvenir à inverser fondamentalement le trend.