L’analyse de la productivité et des sources de croissance dans l’administration publique entre 2015 et 2024 révèle des tendances marquées par des fluctuations et des défis structurels.
(Sources : http://www.itceq.tn/files/tbord-productivite/ADMINISTRATION.pdf )
Valeur ajoutée réelle
La valeur ajoutée réelle, un indicateur clé de la performance économique, a montré des fluctuations significatives sur la période étudiée. Les années 2016 et 2020 ont enregistré des croissances robustes de 6,9 % et 4,2 % respectivement. Cependant, une baisse notable de -0,5 % en 2018 et une stagnation entre 2022 et 2024, avec une croissance de seulement 0,5 %, indiquent des difficultés persistantes à maintenir une croissance stable et soutenue.
Emploi total
L’emploi total dans l’administration a montré une augmentation légère mais constante chaque année. La croissance a été plus prononcée en 2018, atteignant 2,8 %, tandis que les années 2019, 2020, et 2021 ont vu des augmentations modestes. La stabilité relative de la croissance de l’emploi, située entre 0,6 % et 1,2 % pour 2022-2024, suggère une gestion prudente mais aussi un potentiel sous-utilisé du marché du travail.
Stock de capital
Le stock de capital a affiché une tendance à la baisse dans son taux de croissance, passant de 5,7 % en 2015 à environ 2,9 % en 2024. Cette diminution pourrait être interprétée comme une réduction des investissements ou une accumulation de capital plus lente, un signal d’alerte pour les décideurs qui cherchent à stimuler la productivité à long terme.
Productivité du travail
La productivité du travail a été marquée par une grande variabilité. Elle a connu des pics en 2016 (6,0 %) et 2020 (4,1 %), mais aussi des baisses significatives en 2018 (-3,2 %) et 2022 (-0,6 %). La tendance négative observée dans les années récentes, notamment en 2023 et 2024, souligne la nécessité de réformes pour améliorer l’efficacité et la performance des travailleurs dans le secteur public.
Productivité du capital
La productivité du capital a généralement été négative, à l’exception d’une légère amélioration en 2016 (1,4 %). Les baisses marquées les autres années, notamment une productivité stable mais négative de -2,3 % ces dernières années, révèlent des inefficacités dans l’utilisation du capital investi.
Intensité capitalistique
L’intensité capitalistique, qui mesure la quantité de capital par unité de travail, a globalement diminué mais est restée positive. Les variations entre 1,1 % et 4,9 % montrent une dynamique changeante dans l’allocation des ressources capitalistiques, avec une valeur minimale en 2018.
Productivité totale des facteurs (PTF)
La PTF, indicateur essentiel de l’efficacité globale des facteurs de production, a connu des variations significatives. Les augmentations notables en 2016 (5,1 %) et 2020 (3,4 %) contrastent avec les baisses en 2018 (-3,5 %) et les années récentes. La composante tendancielle de la PTF montre une baisse, tandis que l’effet conjoncturel a été très variable, souvent négatif.
Contribution à la croissance des facteurs de production
La contribution du travail et du capital à la croissance a été stable mais modeste. Le travail a contribué entre 0,1 % et 2,3 %, et le capital entre 0,5 % et 1,2 %. Cette stabilité relative masque cependant une sous-utilisation potentielle de ces facteurs.
Structure de la contribution à la croissance
La structure des contributions des différents facteurs montre une grande variabilité, particulièrement visible en 2018 et dans les années récentes. Les contributions irrégulières et parfois négatives de la PTF reflètent des défis structurels importants.
Perspectives
L’analyse de la productivité et de la croissance dans l’administration de 2015 à 2024 met en lumière une grande variabilité et des défis structurels importants. Les fluctuations dans la productivité du travail et du capital, ainsi que dans la PTF, indiquent des inefficacités qui nécessitent des réformes profondes. La contribution à la croissance a été principalement due au capital, bien que cette contribution ait diminué au fil des années. La stagnation récente souligne des obstacles à surmonter pour garantir une croissance durable.
Pour répondre à ces défis, il est crucial que les décideurs mettent en place des réformes structurelles visant à améliorer l’efficacité des investissements et à renforcer la productivité du travail et du capital. Des stratégies d’investissement efficaces et des politiques visant à optimiser l’utilisation des ressources sont essentielles pour inverser les tendances négatives observées ces dernières années et soutenir une croissance durable dans le secteur administratif.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)