Le bain de sang continuera et l’on attendra les résultats des élections américaines pour trancher la question : de quel processus de « paix » il s’agira. Mais il est probable que la guerre se déplacera vers le Liban du Hezbollah et continuera donc sous d’autres formes.
Ce n’est pas un simple assassinat politique ou une exécution d’un présumé « terroriste » que vient de commettre l’État sioniste contre Ismaïl Haniyeh, chef politique du Hamas. Toutes les apparences désignent un meurtre rituel. Comme, probablement, le veut une certaine tradition d’une obscure secte juive, pour appliquer ce que la Thora appelle la « loi du talion ».
Car tout le monde sait que cet homme, un des fondateurs du Hamas, section locale des Frères musulmans, a, depuis la création de cette organisation, entretenu des relations politiques indirectes avec les dirigeants israéliens et notamment et surtout l’actuel boucher de Tel-Aviv.
L’intellectuel tunisien Afif Lakhdhar, dans une émission de la chaîne Al-Jazira, déclara que le Hamas était une création du Mossad et des services secrets jordaniens.
Pour l’histoire, cet intellectuel tunisien de gauche était un fondateur de l’organisation militaire du Fatah, al-Sa3iqa (la foudre), qui était la première à combattre Israël par les armes, et est resté jusqu’à sa mort lié au Fatah de Yasser Arafat.
Juste quelques semaines avant l’attaque foudroyante d’octobre dernier, qui a engagé les Palestiniens et les Israéliens dans un combat décisif, l’autorité de Gaza contrôlée par l’organisation islamiste avait négocié avec Tel-Aviv l’envoi de 20 000 ouvriers palestiniens de la bande de Gaza pour travailler en Israël. Après, d’autres témoignages de diplomates étrangers ayant travaillé dans ce pays, ainsi que d’anciens agents de services secrets occidentaux, sont venus confirmer que depuis que Netanyahu est arrivé au pouvoir, il y a plus de 15 ans, Israël, non seulement finançait en sous-main le Hamas, mais le poussait à combattre l’Autorité palestinienne présidée d’abord par Arafat et ensuite par Abu Mezen, même avec les armes.
L’on se souvient encore des massacres des éléments du Fatah à Gaza et de l’anéantissement de cette formation par les soins de l’organisation islamiste palestinienne. Pendant tout ce temps, Ismaïl Haniyeh était l’unique chef politique du Hamas et de la bande de Gaza.
Nous en concluons que ce ne sont pas des raisons politiques qui sont derrière cet odieux meurtre rituel. D’autant plus que le Hamas a toujours refusé la solution des deux États et les décisions de l’ONU, ce qui faisait l’affaire de Netanyahu et de la droite religieuse israélienne.
Entre-temps, le Hamas a été pris totalement en charge par les Gardiens de la révolution iraniens, comme le Hezbollah, d’où l’acquisition d’une capacité combattante jamais atteinte par les organisations palestiniennes.
L’on comprend pourquoi l’État sioniste a choisi Téhéran pour tuer le chef islamiste palestinien. Mais c’est aussi pour préparer les douloureuses négociations « de paix » et croit-il en position de force, malgré le fait qu’Israël a perdu la bataille de Gaza.
Un assassinat pour camoufler une défaite militaire
L’assassinat du chef palestinien dans la capitale iranienne prouve que le gouvernement israélien actuel cherche à prolonger la guerre parce qu’il a perdu la bataille de Gaza et à l’étendre probablement au Liban contre le Hezbollah. L’objectif initialement et officiellement annoncé, celui de liquider définitivement le Hamas, en envahissant la bande de Gaza et en tuant plus de 40 000 Palestiniens et en blessant des centaines de milliers d’autres, sans parler des destructions massives, est loin d’être atteint. Même que la résistance palestinienne est devenue plus aguerrie et arrive à tuer plus de soldats sionistes dans une guérilla urbaine jamais connue dans l’histoire de l’humanité.
De lourdes pertes en hommes et en matériel, jamais subies par l’armée israélienne, font que l’État sioniste est en train de subir une défaite militaire qui vient s’ajouter à la défaite diplomatique, car Israël est, plus que jamais le long de sa courte histoire, totalement isolé.
L’assassinat d’un chef politique alors que l’essentiel des chefs militaires du Hamas continuent à échapper aux multiples tentatives d’assassinat et qu’ils continuent à se battre vaillamment prouve que l’armée israélienne est dans l’incapacité d’atteindre les vrais dirigeants de la guérilla et ne peut que tuer des civils sans défense et de surcroît loin de chez eux. En plus, Haniyeh était le dernier à savoir que l’aile armée préparait une attaque foudroyante contre l’ennemi sioniste, puisqu’il résidait au Qatar et il y a bien longtemps qu’il avait seulement un titre honorifique et n’avait aucune emprise réelle sur les légions armées du Hamas.
L’assassinat a aussi un autre objectif, entraîner l’Iran dans la spirale de la guerre directe avec l’État sioniste, ce que les dirigeants iraniens évitent de faire pour des raisons stratégiques, sachant que la priorité de leurs priorités est de terminer le projet d’acquisition de l’arme nucléaire.
En effet, on avait vu la réaction militaire iranienne après la liquidation de ses chefs militaires des Gardiens de la révolution dans son consulat à Damas. Malgré le tapage médiatique immense, et l’envoi de plus de 100 missiles sur Israël, les dégâts réels étaient très limités et ont montré ses limites militaires.
Que dire quand il ne s’agit que d’un chef palestinien qui, jusqu’à une date pas lointaine, était très proche du Qatar, qui à son tour est très proche d’Israël et était le principal financier du mouvement islamiste palestinien ?
C’est le Jihad islamique, une organisation rivale, qui était pro-iranienne. Le meurtre rituel, l’application de la loi du talion est pour les dirigeants sionistes une obligation religieuse et vise aussi à satisfaire la frange religieuse des Israéliens assoiffée de sang. N’oublions pas que c’est Begin, le plus terroriste des chefs de gouvernement sionistes, qui a conclu la paix avec l’Égypte, et que c’est Rabin, un général qui a combattu les Arabes, qui a conclu à son tour la paix avec Arafat. Arafat, grand diplomate devant l’éternel, parlait de la paix des « braves » ! Haniyeh est la victime expiatoire par excellence, et son meurtre rituel va inaugurer peut-être une étape de compromis douloureux des deux parties.
Une situation internationale confuse
Nous savons que les USA, puissance militaire majeure dans les conflits au Moyen-Orient, et notamment dans la guerre de Gaza, grand fournisseur de l’État sioniste en armes et en argent, sont actuellement, de fait, sans président, car Biden est devenu carrément sénile, et la guerre fait rage pour sa succession, entre Trump et Harris. Cela libère les mains assassines de Netanyahu pour donner libre cours à ses phantasmes meurtriers et pour apparaître en vainqueur !
Lui et son gouvernement vont certainement être jugés, non pas pour leurs crimes, mais pour leur incapacité à traduire ces crimes en victoire militaire. D’autres dirigeants palestiniens vont encore être assassinés, sans parler des cadres politiques ou militaires.
Le bain de sang continuera et l’on attendra les résultats des élections américaines pour trancher la question : de quel processus de « paix » il s’agira. Mais il est probable que la guerre se déplacera vers le Liban du Hezbollah et continuera donc sous d’autres formes.
En cas de victoire de Trump, artisan de « la paix d’Abraham », évocation biblique encore une fois, qui a déjà annoncé le désengagement unilatéral de l’Ukraine, les USA vont tout focaliser en matière de politique étrangère sur le Moyen-Orient et notamment pour « sauver » Israël.
L’influence des lobbys pro-israéliens et notamment des « chrétiens sionistes », qui voient (sans rire) dans la victoire d’Israël et son instauration sur le territoire décrit par la Thora l’annonce de la venue du Christ selon une lecture apocalyptique des évangiles, va jouer un rôle majeur dans le proche avenir.
D’un autre côté, Trump, qui va reprendre son projet de « la paix d’Abraham », et pour accélérer la reconnaissance de l’État juif par les pays arabes, notamment l’Arabie saoudite, doit arrêter la guerre de Gaza, qui a de fait démoli son projet. Nous savons qu’il fera tout pour trouver un compromis avec Poutine sur l’Ukraine, pour se consacrer à l’Iran avec lequel il avait déjà aboli unilatéralement l’accord sur le nucléaire, ce qui annonce un conflit majeur dans la région.
En plus de son caractère rituel, le meurtre de Haniyeh semble préparer une nouvelle étape de la confrontation entre les puissances majeures via Palestiniens, Libanais et Israéliens.
Une véritable bombe.