Quelques heures après l’attaque lancée par Hezbollah contre Israël dimanche 25 août à 5h15 du matin, la presse occidentale s’est mobilisée, publiant de fausses informations illustrées par de vieilles photos, le tout basé sur la version israélienne des événements.
Le New York Times et le Wall Street Journal, par exemple, ont titré leurs articles « Attaques préventives israéliennes contre Hezbollah », avec des photos de missiles explosant dans l’espace…
Les deux journaux ont reproduit le récit de Netanyahu, prétendant que « de très bon matin, nos services ont repéré des préparatifs de Hezbollah qui s’apprêtait à nous attaquer. Immédiatement, une centaine d’avions ont décollé et ont détruit des milliers de missiles balistiques… »
La version donnée par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, quelques heures plus tard, est entièrement différente. Selon lui, « vingt minutes avant que le Hezbollah ne commence son opération de riposte, des avions israéliens ont bombardé des zones au sud du Litani, ne contenant aucun missile et aucune rampe de lancement. A 5h15 du matin, 340 missiles ‘Katioucha’’ ont été lancés comme ‘appât pour le dôme de fer’ dans le but de laisser la voie libre pour les drones qui allaient suivre et qui ont atteint leurs buts contre une base militaire et les sièges du Mossad et des services de renseignements militaires à proximité de Tel-Aviv. »
Il y a tout lieu de croire que les drones du Hezbollah ont atteint leur but, car peu de temps après l’attaque du Hezbollah, Netanyahu a interdit aux membres de son gouvernement et aux journalistes de parler ou de commenter les attaques du Hezbollah ou d’en diffuser la moindre information non soumise préalablement à la censure militaire.
Une telle interdiction vise à cacher les dégâts occasionnés par l’attaque du Hezbollah dont Nasrallah a fait état dans son intervention. A la fin de son discours, il a insisté sur le fait que « la riposte contre l’assassinat de Fouad Chokr est terminée. Mais nous laissons la porte ouverte pour riposter de nouveau si, après évaluation, nous constatons que les dégâts subis par l’ennemi s’avèrent insuffisants. »Le message aux Israéliens est clair : le Hezbollah considère que le contentieux avec Israël concernant l’assassinat de Fouad Chokr est réglé… Sauf si Israël ripostera à la riposte.
Israël ne va pas riposter à la riposte pour deux raisons : son armée est engluée depuis près d’un an dans la guerre génocidaire de Gaza ; les responsables politiques et militaires israéliens savent que les temps où les destructions étaient du seul côté de leurs ennemis sont révolus. Hezbollah détient des centaines de milliers de missiles et de drones et pourrait, en cas de guerre, semer chaos et destruction dans plusieurs villes israéliennes.
Le jour où les futurs historiens se pencheront sur cette période troublée du Moyen-Orient, ils ne manqueront pas de relever une incongruité saisissante : tous les pays et tous les acteurs de la région ne veulent pas de guerre généralisée, sauf le Premier ministre israélien qui, pour des raisons strictement personnelles (échapper aux poursuites judiciaires pour corruption), se débat comme un diable pour embraser la région.
Tout comme de nombreux observateurs aujourd’hui, les futurs historiens ne comprendront pas qu’un tel personnage, responsable d’un génocide de surcroît, n’ait pu être écarté.
Ils comprendront encore moins qu’un personnage aussi minable, aussi immoral puisse avoir une si grande influence sur la superpuissance américaine au point de tenir tête à ses présidents et de tenir en laisse son Congrès…
Après l’intelligente riposte du Hezbollah, Netanyahu rumine sa frustration de n’avoir pu entrainer la machine de guerre américaine contre le Hezbollah qui restera une menace empêchant quelque 100 000 habitants du nord d’Israël de rejoindre leurs foyers.
Peut-être nourrit-il encore quelques illusions de voir les Etats-Unis entrer en guerre contre l’Iran, si celui-ci se décide à riposter comme il a promis et continue de promettre. Du moment qu’aucun de ces deux pays ne désire entrer en guerre contre l’autre, Netanyahu a toutes les chances de recevoir une riposte iranienne après celle de Hezbollah, sans que cela ne provoque la guerre dont il rêve depuis 1996, année de son premier mandat de Premier ministre…
Il lui reste à prier pour la victoire de son ami Donald Trump, si toutefois il peut tenir à son poste jusque-là.