L’une des priorités de toute Banque centrale est de veiller à ce que le système bancaire ait suffisamment de liquidité pour un fonctionnement normal et fluide de l’économie. Ces dernières années, cette fonction est devenue cruciale pour la BCT (Banque centrale de Tunisie) qui doit suivre de très près et intervenir face à une rareté des dinars.
La situation avait atteint des pics quelques années auparavant, mais il y a une nette amélioration sur les derniers 24 mois. Au second trimestre 2024, les besoins moyens des banques en liquidité ont reculé de 702 MTND par rapport au premier quart de l’année, à 14 523 MTND. La BCT a expliqué cette détente par deux facteurs.
Le premier est le résultat des opérations de ventes nettes de devises contre dinars par les banques auprès de la Banque centrale, qui ont permis d’apporter au secteur bancaire de la liquidité de l’ordre de 1 733 MTND. Grâce aux transferts récurrents des TRE et les recettes touristiques, les établissements de crédits ont pu trouver un relais pour obtenir des dinars.
De son côté, le Trésor a pu couvrir ses besoins en devises étrangères face aux manques de ressources étrangères.
Le second est le retour de près de 1 520 MTND de cash aux guichets des banques, dont 56% durant le mois de mai. C’est un mouvement auquel nous sommes habitués après les périodes de fêtes, de vacances ou le mois saint. Cela a compensé, en partie, la hausse exorbitante des billets et monnaies en circulation au premier trimestre.
Une moindre pression a permis à la Banque centrale de maîtriser, plus facilement, le TMM pour le garder proche du Taux directeur.
Nous pensons que cette même tendance s’est poursuivie au troisième trimestre 2024, surtout que les avoirs en devises sont à un record. Bien que les dépôts s’accumulent (+1 167 MTND au premier semestre 2024), offrant un moyen pour accorder des financements aux secteurs productifs, il faut passer par la case de refinancement auprès du régulateur.
Le système tient bon pour le moment. Avec les moyens du bord et le concours de bonnes circonstances, la Tunisie est en train de traverser l’exercice budgétaire le plus compliqué de son histoire contemporaine. Mais attention, il faut œuvrer pour une meilleure durabilité et soutenabilité des comptes publiques.