En marge de la présentation d’une étude internationale réalisée par Deloitte sur les grandes tendances du secteur des technologies, médias et télécommunications (TMT) en Afrique francophone, leconomistemaghrebin.com a interpellé Karim Koundi, directeur associé d’Altime Deloitte, sur les oppoprtunités qu’offre le marché africain aux opérateurs tunisiens. Entretien…
leconomistemaghrebin.com : Quels sont, selon vous, les points faibles du secteur TIC en Tunisie ?
Karim Koundi : Je suis arrivé sur le marché tunisien en 2007, et c’est cette année là que j’ai commencé à découvrir le secteur TIC en Tunisie. Ma constatation principale est la suivante : les acteurs dans ce domaine ont du mal à se rassembler et à définir des offres verticales qui puissent aligner différents acteurs. Donc ils ne peuvent pas travailler en mode gagnant-gagnant afin de pouvoir travailler sur d’autres marchés. Malheureusement, ils ont tendance à se comporter comme des ennemis dans ce secteur. Quant à moi, j’opte pour l’union entre les différents acteurs.
Pensez-vous que les produits du secteur TIC tunisien répondent aux attentes des consommateurs tunisiens ?
Le secteur TIC tunisien est proche de l’économie de marché. Autrement dit, c’est le consommateur qui imprime la tendance du marché. Plus il y a de la concurrence, meilleure sera la qualité. Il faut vraiment avoir le bon cadre réglementaire pour qu’on puisse avoir le bon cadre de concurrence surtout qu’une grande concurrence décourager un ensemble de petits opérateurs. L’existence d’un cadre régulateur et l’adoption de stratégies par les autorités compétentes sont très importantes afin de réguler un tant soit peu le cadre concurrentiel dans ce domaine.
En dépit du potentiel du marché africain pour le secteur TIC, force est de constater l’absence d’entreprises tunisiennes concernées par ce domaine, ce qui incite à se poser des questions ?
Oui tout à fait, en effet la taille du marché des services africains est estimée à 9 milliards de dollars dont 80% sont accaparés par une dizaine de pays. Si on se met du côté africain, on se rendra compte que les entreprises tunisiennes sont peu présentes en Afrique. A partir de mon expérience qui m’a permis de visiter un certain nombre de pays africains, je pourrais affirmer que notre présence est faible voire complètement absente à part quelques actions isolées qui se font un peu à droite et à gauche. En effet, il existe suffisamment de financement mis à la disposition par la BAD et la Banque mondiale. L’importance du secteur TIC tunisien pour transformer ces financements en projets demeure limitée.
Les prochaines étapes pour inciter les professionnels à se diriger vers le marché africain ?
Comme je viens de le dire, il faut que les opérateurs dans le domaine des TIC se réunissent afin de développer des offres qui puissent s’adresser au marché africain.
Également, une bonne connaissance du marché africain s’impose pour savoir quel genre d’offre verticale il convient d’adresser au marché africain.
Autre contrainte logistique qui doit être résolue, à savoir le problème du transport aérien. A partir de la Tunisie on est très mal desservi vers les destinations africaines comparativement au Maroc.
Par ailleurs, il y a également le problème de la libéralisation des flux financiers (le problème d’échange de devises). Ce problème est à résoudre au niveau du gouvernement avec la Banque Centrale.