Les obligations en livres turques ne constitueront pas un investissement attractif avant au moins six mois; et ce, dans un contexte d’inflation plus élevée que prévu et de nouvel affaiblissement de la monnaie turque. C’est ce que révèle Christian DiClementi, directeur de la dette des marchés émergents chez Alliance Bernstein.
« Nous n’avons pas ajouté de volumes significatifs d’obligations en livres turques à notre plateforme de titres à revenu fixe. Car nous pensons que les deux prochains trimestres seront volatils pour la Turquie », en partie à cause des inquiétudes sur les taux d’intérêt, a déclaré, jeudi 5 septembre, M. DiClementi lors d’un entretien téléphonique depuis New York sur l’agence Bloomberg. « La pression politique en faveur d’un assouplissement monétaire sera probablement forte et un assouplissement précoce pourrait conduire à un affaiblissement de la livre turque », a-t-il, indiqué.
Même si l’inflation turque a fortement ralenti à 52 % sur un an en août, alors que les coûts d’emprunt de 50 % imprègnent l’économie et freinent la demande; le taux reste plus de 10 fois supérieur à l’objectif d’inflation officiel de la Banque centrale, de l’ordre de 5 %. Pendant ce temps, la livre turque a chuté de plus de 13 % cette année, devenant la monnaie des marchés émergents la moins performante en dehors de l’Amérique latine.
En conséquence, le gestionnaire de fonds basé aux États-Unis, qui gère 777 milliards de dollars d’actifs, n’a négocié cette année que de manière opportuniste les obligations turques.
« Nous pensons que l’inflation va continuer à baisser d’ici la fin de l’année; mais la banque centrale ne parviendra pas à atteindre son objectif pour l’année », a déclaré M. DiClementi. Les responsables turcs visent à réduire l’inflation à 38 % d’ici là. Même si la plupart des économistes estiment qu’elle sera plus proche de 42 %, la fourchette supérieure des prévisions de la banque centrale.
« Notre prévision d’inflation pour la fin de l’année se situe entre 45 % et 49 %, avec les premières baisses de taux attendues au premier trimestre 2025 », a-t-il déclaré. Cependant, « le début d’un cycle d’assouplissement pourrait facilement être reporté au deuxième trimestre de l’année prochaine ».
Début 2025, le gestionnaire du fonds s’attend à une baisse de l’inflation globale, mais pas au rythme envisagé par la banque centrale turque. La monnaie devrait s’affaiblir à un rythme plus rapide au cours des six prochains mois, a-t-il indiqué. Tout en ajoutant que le fonds pourrait ensuite investir dans les actifs du pays au deuxième trimestre de l’année prochaine.
Alors que les obligations turques ont enregistré des entrées d’environ 12 milliards de dollars en provenance de l’étranger cette année, selon les données de la banque centrale, de fortes fluctuations hebdomadaires montrent une certaine réticence à réaliser des investissements à long terme. Les obligations en livres turques à deux et dix ans rapportaient respectivement 42,4 % et 28,7 % le 5 septembre.
« L’équipe économique a fait de très bons progrès cette année vers la réalisation de ses objectifs d’inflation à long terme et des attentes en matière d’inflation », a-t-il déclaré. « Le travail acharné est sur le point de devenir plus difficile ».