Synthèse de la semaine
Durant la semaine du 2 au 6 septembre 2024, la Bourse de Tunis a montré une légère résilience, malgré un contexte économique local et international incertain.
Le Tunindex a enregistré une baisse modérée de 0,4%, sous l’effet d’une correction technique, avec des performances contrastées entre les différents secteurs.
Les investisseurs ont adopté une attitude prudente, attentifs aux perspectives économiques nationales marquées par des tensions sociales liées à la hausse récente du SMIG et aux réformes structurelles en cours, ainsi qu’aux incertitudes financières globales.
Évolution des indices
Le Tunindex a clôturé la semaine à 8 093,26 points, affichant une baisse de 0,4% par rapport à la semaine précédente.
Ce recul est en grande partie dû à des pressions de vente sur certains grands titres, notamment dans les secteurs bancaire et agroalimentaire, alors que l’indice Tunindex 20, regroupant les valeurs les plus liquides, a reculé de 0,3%.
La liquidité du marché reste néanmoins limitée, signe de la prudence des investisseurs face à l’évolution économique.
Le volume d’échanges est resté modéré, à hauteur de 36 millions de dinars pour la semaine, soit une moyenne de 7,2 millions de dinars par séance.
Cette stagnation reflète le manque de catalyseurs positifs à court terme et les craintes persistantes liées aux tensions sociales.
Secteurs en recul
Les valeurs bancaires, traditionnellement leaders sur le marché, ont subi une légère correction cette semaine. Malgré leur rôle central dans l’économie tunisienne, les banques sont affectées par des perspectives de croissance modérées et par une pression accrue sur les marges en raison des réformes fiscales.
L’indice sectoriel bancaire a ainsi reculé de 1,2%. Les investisseurs surveillent également l’évolution des négociations avec le FMI, en raison de l’impact potentiel sur la stabilité financière du pays.
Le secteur agroalimentaire a également enregistré une baisse cette semaine, impacté par des pressions inflationnistes et des coûts de production en hausse.
Les principales valeurs comme Délice Holding et Carthage Cement ont reculé respectivement de 1,4% et 2,1%.
Secteurs en hausse
En revanche, le secteur des télécommunications a affiché une performance positive cette semaine, avec une hausse de 1,1% pour la valeur Ooredoo, soutenue par de bonnes perspectives de croissance dans les services numériques et une augmentation de la demande pour les solutions télécoms.
Le secteur des assurances a également montré des signes de résistance, avec une hausse de 0,6% de l’indice sectoriel. La montée des risques économiques et sociaux semble inciter les acteurs économiques à renforcer leur couverture d’assurance, ce qui a favorisé les valeurs comme Attijari Assurance.
Analyse technique
Le marché boursier a été caractérisé par des volumes modérés et une absence de tendance claire. La correction observée sur le Tunindex pourrait être interprétée comme un signal d’incertitude à court terme, les investisseurs se montrant attentifs à l’évolution des fondamentaux macroéconomiques, ainsi qu’à l’impact des réformes structurelles en cours.
Les principaux niveaux de support se situent à 8 050 points, et une rupture en dessous de ce seuil pourrait accentuer la pression vendeuse.
Contexte international
Sur le plan international, l’activité des marchés mondiaux a été marquée par une volatilité accrue liée à la persistance de l’inflation dans les principales économies. Les banques centrales, notamment la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne, continuent de maintenir une politique monétaire restrictive, ce qui affecte indirectement les marchés émergents, dont la Tunisie.
Le raffermissement du dollar face au dinar tunisien et la hausse des prix des matières premières ajoutent à la pression sur les importations locales.
Perspectives
Pour la semaine du 9 au 13 septembre, l’évolution du marché dépendra en grande partie des signaux macroéconomiques, notamment des avancées dans les discussions autour des réformes fiscales et sociales.
La prudence des investisseurs pourrait se maintenir en raison des incertitudes économiques globales, mais certains secteurs, comme les télécoms et les assurances, pourraient continuer de bénéficier d’une dynamique positive.
Les acteurs du marché devraient surveiller de près les indicateurs de liquidité et les niveaux de support techniques pour anticiper d’éventuelles corrections supplémentaires.
Cependant, les perspectives à moyen terme restent conditionnées par la capacité du gouvernement tunisien à stabiliser l’économie et à mener les réformes nécessaires tout en répondant aux tensions sociales croissantes.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)