Les sirènes d’alerte aérienne ont retenti ce mercredi matin à Tel-Aviv. Et ce, après que le Hezbollah a annoncé avoir tiré un missile balistique visant le quartier général du Mossad. L’armée israélienne a indiqué que le missile tiré sur Tel-Aviv était « une première » pour la milice chiite, après son interception par la défense antimissile israélienne. Et si ce n’était que le début?
Et si, en signe de représailles, le Hezbollah tirait une pluie de roquettes sur Haïfa, le grand port du nord d’Israel situé à 60 kilomètres de la frontière libano-israélienne et qui ne compte pas moins d’un million d’habitants? Sachant que Tel-Aviv est à la portée des missiles de la milice chiite.
Un bilan effroyable
Cette éventualité se pose avec insistance depuis que les frappes israéliennes contre le fief du Hezbollah au sud de la capitale libanaise et dans la plaine d’El Bikaa ont fait lundi pas moins de 558 morts, dont 50 enfants et plus de 1 600 blessés selon les autorités libanaises. Soit le plus lourd bilan sur une journée depuis le conflit israélo-libanais de 2006. Pour sa part, Tsahal se targue d’avoir frappé « plus de 1 600 cibles terroristes » et éliminé un « grand nombre » de membres du Hezbollah.
En une journée, l’armée a « neutralisé des dizaines de milliers de roquettes et de munitions », a fanfaronné le ministre de la Défense, Yoav Gallant. Tout estimant que le Hezbollah, « pris au piège de son soutien à Gaza, vivait sa semaine la plus difficile depuis sa création », en 1982.
En revanche, le « parti de Dieu » affirme avoir riposté avec des dizaines de roquettes tirées sur le nord d’Israël. D’ailleurs, les sirènes d’alerte ont retenti à Haïfa, dont les environs avaient été atteints dimanche pour la première fois par des tirs de roquettes.
« Au bord d’une guerre totale »
A noter qu’à New York, où se tient l’Assemblée générale de l’ONU, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Noël Barrot a annoncé lundi que Paris demandait la convocation d’une « réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur le Liban cette semaine ».
Pour sa part, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell a déclaré : « Nous sommes au bord d’une guerre totale ». Tandis que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « très sérieusement inquiet du nombre de victimes civiles ». Enfin, l’administration américaine promet de soumettre des « idées concrètes » pour faire baisser la tension, en insistant sur « son opposition à une invasion terrestre israélienne ».
Reste la question que se posent les experts militaires : Tsahal parviendra-t-il suite à une invasion terrestre dans le fief de Hezbollah à « briser les os » du Hezbollah? Et ce, après l’explosion la semaine dernière de milliers de bipeurs utilisés par le Hezbollah qui ont fait au moins 12 morts et près de 2 800 blessés. « Un coup dur et sans précédent », selon l’expression du chef spirituel de Hezbollah, Hassan Nasrallah? Et surtout suite aux bombardements massifs menés par l’aviation israélienne sur le fief de la milice chiite à Beyrouth, la capitale libanaise, et dans le sud et l’est du pays.
Un arsenal impressionnant
Pas si vite, expliquent les experts militaires israéliens. Ainsi, selon l’Institute for Nationale Security Studies (INSS) de l’université de Tel-Aviv, en plus de ses quelque 60 000 combattants entraînés, le Hezbollah tire « son pouvoir de nuisance » de son arsenal considérable : entre 150 000 et 200 000 roquettes, mortiers et missiles, dont des centaines de missiles de haute précision ». D’ailleurs, font observer les experts, depuis le 7 octobre et en soutien au Hamas, le Hezbollah a tiré environ 8 500 roquettes, principalement sur le nord d’Israël, tuant 24 soldats et 26 civils.
Selon la même source, les combattants de Hezbollah tirent régulièrement de petites salves de roquettes Grad dont la portée n’excède pas 40 km, mais leur trajectoire, aisément prédictible, rend plus facile leur interception par le Dôme de fer israélien. Cela étant, « une attaque massive saturerait à coup sûr les défenses de l’État hébreu et ferait bien plus de dégâts et de victimes ».
Ainsi, en saturant les systèmes de défense israéliens avec des milliers de roquettes et de drones kamikazes iraniens Shahed-136, « ils permettent le passage de missiles balistiques pour frapper plus en profondeur le territoire israélien et des installations critiques ».
Sur le terrain, précise l’INSS, 75 000 des projectiles peuvent atteindre le nord d’Israël, 67 500 le port d’Haïfa, 10 500 la ville de Hadera et 4 500 Tel-Aviv et plus au sud dans le pays. La capitale serait par exemple à portée du missile iranien Fateh-110 et de sa charge explosive de 500 kg, doté d’une précision de 10 m.
C’est dire qu’une incursion terrestre menée par l’armée israélienne contre les combattants de Hezbollah ne sera pas une balade se santé. Loin s’en faut.