La Chine est devenue en 2024 le plus grand marché pour le gaz russe, dépassant l’Europe. Et ce, après que la guerre en Ukraine a limité les flux de carburant vers la région, rapporte Bloomberg, le 21 octobre 2024.
Le géant gazier russe Gazprom a exporté 23,7 milliards de mètres cubes de gaz naturel vers la Chine au cours des neuf premiers mois de l’année. Soit près de 40 % de plus qu’au cours de la même période de l’année 2023. C’est ce que révèlent les calculs de Bloomberg basés sur les données des douanes du pays asiatique et les estimations de prix du ministère russe des Finances. Et ce, comparées aux 22,5 milliards de mètres cubes de gaz envoyés par gazoduc aux clients restants de Gazprom en Europe de janvier à septembre, selon des calculs basés sur les flux passant par l’Ukraine et le gazoduc TurkStream.
Ainsi, Gazprom augmente progressivement ses approvisionnements en gaz naturel vers la Chine grâce au gazoduc Power of Siberia. Lequel a été lancé fin 2019 et a une capacité prévue de 38 milliards de mètres cubes par an. Le mois dernier, le géant gazier russe a convenu avec China National Petroleum de livraisons supplémentaires en décembre. Ce qui garantira que les flux quotidiens atteignent le niveau contractuel maximum précédemment visé pour début 2025.
L’accord a été conclu alors que la demande de gaz dans l’économie asiatique augmente. En effet, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’attend à ce que la consommation totale de gaz naturel de la Chine augmente de 8 % cette année. Elle est « tirée par le secteur industriel, mais également soutenue par la production d’électricité, les utilisateurs résidentiels et commerciaux et le secteur des transports », précise encore l’agence.
Cependant, même si Gazprom prévoit d’augmenter ses livraisons annuelles à la Chine de 10 milliards de mètres cubes via la route dite de l’Extrême-Orient à partir de 2027, cela ne représente encore qu’une petite fraction de ce que l’entreprise envoyait en Europe avant le déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022.
Alors que la plupart des pays de l’Union européenne cherchent des alternatives au gaz russe; Gazprom reste une source d’énergie essentielle pour certains États, comme la Hongrie, l’Autriche et la Slovaquie. Les exportations par pipeline vers la région ont augmenté de 16 % au cours des neuf premiers mois de l’année par rapport à l’année précédente, indique également les calculs de Bloomberg.
Par ailleurs, étant donné que l’accord de transit de cinq ans entre Gazprom et l’Ukraine expire en décembre 2024 et que Kiev n’a pas l’intention de le prolonger, il existe un risque qu’environ la moitié du flux de gaz naturel vers l’Europe soit interrompue.
Les responsables européens sont donc en pourparlers pour remplacer les flux de transit, avec l’Azerbaïdjan comme solution possible. Mais un accord ne semble pas proche.