Fort du potentiel de réussite des trois précédentes éditions, AMI Assurances a organisé, le 22 octobre 2024, à son siège, la 4ᵉ édition de son séminaire sur l’électromobilité. Un événement qui aborde un sujet d’actualité, à un moment où le contexte national et international met en lumière les énergies renouvelables ainsi que les véhicules électriques et hybrides. Plusieurs experts et intervenants ont disséqué le sujet, chacun de son côté.
Samir Touil, ingénieur qualité chez BMW Group à Munich, a dressé un tableau des tendances clés qui impactent le marché automobile actuel, marqué par la flambée des prix des véhicules neufs. Selon lui, l’inflation élevée, qui a fortement pesé sur les coûts ces dernières années, est l’un des facteurs majeurs à l’origine de cette augmentation. Néanmoins, il anticipe que le ralentissement progressif de l’inflation mondiale pourrait profiter au développement de l’électromobilité.
La hausse des prix n’épargne ni les véhicules neufs ni les véhicules d’occasion
Touil a souligné que la hausse des prix n’affecte pas seulement les véhicules neufs : les véhicules d’occasion ont également vu leur prix moyen grimper de plus de 20 % en Europe et aux États-Unis depuis 2020. Ce phénomène se répercute également sur d’autres secteurs liés à l’automobile, comme les assurances, les réparations, l’entretien, ainsi que les services de location, tous en forte hausse.
Politique et enjeux géopolitiques ont leur mot à dire
Un autre point crucial soulevé par Touil concerne les élections de 2024, qui ont lieu eu dans plus de 60 pays, notamment aux États-Unis. Selon le résultat de l’élection présidentielle américaine, des changements significatifs pourraient intervenir dans les politiques environnementales, notamment en ce qui concerne la transition vers la mobilité électrique.
En effet, l’ingénieur distingue l’approche des démocrates, favorable à des normes plus strictes sur les émissions et à des incitations pour les technologies vertes, de celle des républicains, qui privilégient un soutien aux énergies fossiles.
Chine, Europe et États-Unis : les trois géants de l’électromobilité
Sur le plan global, l’ingénieur a identifié la Chine, l’Europe et les États-Unis comme les leaders incontestés du marché de l’électromobilité, représentant 95 % des ventes mondiales de véhicules électriques en 2023, soit un total de 9,1 millions d’unités. L’Europe se distingue particulièrement, avec des pays comme la Norvège, où 85,4 % des nouvelles immatriculations concernent des véhicules électriques, suivie de l’Islande et de la Suède.
Cependant, Touil pointe du doigt une adoption plus lente en Amérique latine et en Afrique, bien que des initiatives émergent dans des pays comme le Maroc pour encourager cette transition.
La Tunisie dans la transition vers la mobilité électrique
La mobilité électrique ne cesse de prendre de l’ampleur à l’échelle mondiale, et la Tunisie entend bien se positionner dans cette transition écologique. Lors de son intervention, Laassad Mrabet, directeur général de BYD Tunisie, a insisté sur l’importance d’adopter des mesures concrètes pour accélérer le développement de cette forme de transport dans le pays.
Réduction de la subvention au carburant et économie d’énergie
Selon Mrabet, la transition vers la mobilité électrique pourrait générer des économies significatives pour la Tunisie. Il a notamment évoqué une étude menée par un groupe de recherche qui a démontré que l’introduction massive de véhicules électriques pourrait permettre de réduire de moitié les subventions au carburant. « On peut aussi réaliser une économie d’énergie de 34 % », a-t-il ajouté, illustrant ainsi l’impact positif de cette transition, tant sur le plan écologique qu’économique.
Un impact direct sur la santé et l’environnement
Outre les avantages financiers, Laassad Mrabet a mis en avant les bénéfices pour l’environnement et la santé publique. Il a cité des chiffres alarmants de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui estime que le secteur du transport est responsable d’une part importante des émissions polluantes à l’échelle mondiale. « La mobilité électrique a un impact très important sur l’économie du pays et peut réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre », a-t-il précisé, soulignant ainsi le rôle clé que peut jouer l’électromobilité dans la lutte contre le réchauffement climatique.
BYD, leader mondial de la mobilité électrique
Mrabet a également présenté le parcours impressionnant de BYD, aujourd’hui leader mondial dans le domaine de la mobilité électrique. Fondée il y a cinq ans comme producteur de batteries, BYD a rapidement évolué pour devenir un acteur majeur de la production de véhicules électriques. Cette success story, selon Mrabet, repose sur une vision claire : réduire la température de la planète d’un degré grâce à ses avancées technologiques. « À travers ses véhicules électriques et ses produits rechargeables, BYD a déjà permis d’éviter l’émission de 58 milliards de kilogrammes de carbone », a-t-il souligné, insistant sur l’importance de cette vision face aux enjeux climatiques de plus en plus urgents.
Une vision d’avenir pour la Tunisie
La Tunisie, à travers des acteurs comme BYD, pourrait donc jouer un rôle central dans cette révolution de la mobilité. Avec des stratégies en place pour promouvoir les énergies renouvelables et l’électromobilité, le pays pourrait à terme bénéficier non seulement d’une économie d’énergie substantielle, mais aussi d’une réduction notable de ses émissions polluantes. « L’avenir de la mobilité est électrique », conclut Laassad Mrabet, convaincu que la Tunisie est sur la bonne voie pour saisir les opportunités offertes par cette transition énergétique.
Une expertise pour détecter la fraude dans le secteur automobile
De son côté, Firas Larbi, conseiller chez NTT Data Dach Allemagne, a axé son intervention sur l’expertise des clés et la détection de fraude. Il a expliqué que l’avenir des clés de voiture réside dans les clés connectées via smartphone, intégrées dans des applications mobiles, permettant ainsi un contrôle à distance et une meilleure traçabilité.
La solution connectée présente des avantages pour les assureurs, comme l’analyse des données en temps réel ainsi que la détection précoce des fraudes. Il a précisé qu’après un vol total ou un incendie de véhicule, les seules sources d’information restantes sont les clés du véhicule. Pour lui, cette procédure permet de détecter toute manipulation des clés et donne une nouvelle possibilité de vérifier les déclarations de l’assuré par rapport au kilométrage, à l’utilisation antérieure du véhicule ou aux clés manquantes non transmises à la compagnie d’assurance.
Il estime que l’analyse des clés peut réduire jusqu’à 30 % les réclamations frauduleuses en matière de vol simulé. Pour illustrer ses propos, il a mentionné qu’en Europe, près de 10 % des sinistres automobiles seraient liés à des fraudes, représentant des pertes de 2 à 3 milliards d’euros annuellement. En Tunisie, la fraude à l’assurance, en particulier dans le domaine automobile, est un problème préoccupant. En 2023, les pertes dues à la fraude étaient estimées entre 80 et 85 millions de dinars, ce qui représente 15 % des indemnités versées.
La conduite autonome ? Oui, c’est possible
Mohamed Brahmi, expert en systèmes intelligents de conduite automobile, a exploré les avancées technologiques autour de la conduite autonome. Selon lui, ces véhicules, équipés de capteurs sophistiqués, sont capables de se déplacer sans intervention humaine. Toutefois, il souligne que des systèmes de supervision restent en place pour surveiller ces véhicules à distance, permettant une intervention en cas de problème. L’acceptation de ces technologies par le public a suscité des doutes initiaux, mais Brahmi note un intérêt croissant, notamment aux États-Unis, où certains touristes viennent spécifiquement à Los Angeles pour essayer ces véhicules autonomes. Cette forme de « tourisme de la conduite autonome » est en plein essor.
Il a aussi évoqué la Chine, où des initiatives similaires sont en cours, ainsi que l’annonce récente de Tesla concernant son système « Robotaxi ». Ces véhicules, dépourvus de volant et de conducteur, constituent une avancée majeure. Tesla se distingue par l’utilisation de capteurs embarqués standards, contrairement aux systèmes traditionnels très coûteux. Le prix des véhicules Robotaxi devrait se situer entre 30 000 et 40 000 euros, rendant cette technologie plus accessible. Brahmi a toutefois nuancé cet enthousiasme en soulignant que Tesla, connu pour son marketing agressif, doit encore prouver sa capacité à respecter ses délais. Néanmoins, la démonstration a montré qu’il est techniquement possible d’atteindre le niveau de conduite autonome (L4) uniquement avec des capteurs embarqués, un véritable bond en avant.
Un autre exemple d’application du niveau L4 est le « automated valet parking », développé par Mercedes-Benz. Dans ce scénario, le conducteur peut simplement laisser sa voiture à l’entrée d’un parking, et le véhicule se gare automatiquement. De plus, le propriétaire peut rappeler la voiture via son téléphone pour qu’elle ressorte seule. Cependant, cette technologie nécessite une infrastructure spécifique, rendant son déploiement limité à certains environnements.