Avec 7500 exposants, Sial Paris se positionne comme le plus grand événement de son histoire, mettant en avant la thématique Own the Change, qui encourage les acteurs du secteur à saisir les opportunités offertes par le changement, tant sur le plan technologique que sociétal. Jean-Gabriel Mollard, directeur marketing et communication de Sial Paris, partage sa vision sur la spécificité de l’édition 2024 du salon qui célèbre ses 60 ans.
Tout comme il souligne que la méconnaissance des bénéfices de l’intelligence artificielle engendre des craintes parmi les producteurs, qui se concentrent souvent sur leur savoir-faire traditionnel. En outre, il affirme que l’intégration de l’IA dans l’industrie agroalimentaire est une question de temps et que des acteurs sont prêts à accompagner cette transition. Interview:
Jean-Gabriel Mollard, vous êtes le directeur marketing et communication de Sial Paris. Parlez-nous de la spécificité de cette édition du Salon Sial 2024 qui fête ses 60 ans.
Sial Paris 2024 se caractérise par de nombreuses spécificités. C’est le plus grand salon Sial que nous ayons jamais organisé, et il continue de croître, avec 7500 exposants cette année. Nous avons choisi de reconduire notre thématique Own the Change, que nous avons introduite en 2020. Cette thématique repose sur l’idée que le changement est omniprésent dans le monde actuel. Bien qu’il soit un phénomène constant depuis des décennies, il s’est récemment intensifié, notamment sur les plans technologique et sociétal. Ce changement suscite souvent des inquiétudes, tant sur le plan personnel que pour les entreprises, qui s’interrogent sur l’évolution de leur métier et de leur production.
Quel est l’objectif de Sial Paris avec Own the Change?
L’objectif est de souligner qu’il faut saisir le changement, car il représente avant tout des opportunités: des occasions d’affaires et des possibilités d’évolution du marché. Nous nous efforçons de mettre en avant ces opportunités.
Quelles sont les tendances de cette édition ? En ce qui concerne les start-up et l’intelligence artificielle, plusieurs thématiques intéressantes émergent.
C’est un sujet majeur car de nombreuses nouveautés émergent. D’abord, l’importance accordée aux VGTA ne cesse d’augmenter, en raison d’une demande croissante et d’une offre également très importante. Nous avons même dû étendre le hall 8, entièrement dédié aux produits végétaux, en raison du nombre élevé d’exposants.
Cela inclut des légumineuses, des fruits, etc., dont la popularité ne cesse de croître. Bien que de nombreuses start-up soient présentes, ce phénomène n’est pas nouveau.
Cependant, on observe une tendance chez ces start-up vers des options sans alcool ou à faible teneur en alcool, ainsi que l’émergence de nouveaux types de boissons. La fermentation continue d’être en vogue depuis quelques années, avec une augmentation des produits fermentés.
En ce qui concerne les nouveaux produits à base de champignons, beaucoup intègrent du mycélium dans leurs formulations. De plus, nous assistons à une intégration accrue de l’intelligence artificielle dans les chaînes de production. Certaines entreprises industrielles traditionnelles, souvent familiales et ayant une longue histoire, manquent parfois des ressources nécessaires pour adopter l’intelligence artificielle.
C’est pourquoi plusieurs start-up se proposent d’aider ces acteurs traditionnels à établir des collaborations avec des spécialistes de l’IA dans un cadre d’open innovation. Cela permet à ces entreprises de bénéficier du savoir-faire des start-up sans nécessiter un investissement massif.
En faisant le tour et après quelques interviews, on observe une nouvelle tendance concernant le potentiel de l’IA. Peut-on parler d’une réticence chez ces acteurs industriels traditionnels face à l’intelligence artificielle, qui influence également le marché industriel ?
Je ne dirais pas qu’il y a une véritable réticence, mais plutôt une méconnaissance qui engendre des craintes et un manque de compréhension quant à l’utilité potentielle de l’intelligence artificielle. En effet, sans explications détaillées sur la manière dont l’IA peut améliorer la production ou la vente, son rôle peut sembler flou.
Souvent, les entreprises productrices se concentrent sur leur savoir-faire, qui repose sur les ingrédients, le processus de fabrication et la commercialisation de leurs produits. L’arrivée de l’intelligence artificielle sans explications claires peut donc être déconcertante.
Les questions se posent : comment cela va-t-il m’aider ? Est-ce dans la production, le marketing ou la commercialisation ? Les réponses varient selon les secteurs. Il n’y a pas vraiment de réticence; comme pour toute nouveauté, beaucoup d’entreprises agroalimentaires sont petites ou moyennes et n’ont pas toujours les ressources nécessaires en recherche et développement ou en marketing. Elles ne peuvent donc pas intégrer rapidement ces innovations. Même certains grands groupes mettent du temps à adopter ces nouveautés.
Bien que nous en parlions beaucoup dans certains domaines, il est important de noter qu’il peut falloir un certain temps avant que des applications concrètes émergent pour l’industrie agroalimentaire. Je pense que ce n’est qu’une question de temps avant que cela se produise. Il existe également des acteurs prêts à faciliter la compréhension et l’intégration des solutions basées sur l’intelligence artificielle, non seulement pour les producteurs mais aussi pour les distributeurs au sein de la chaîne d’approvisionnement — un domaine où l’IA peut avoir un impact significatif.
Je suis convaincu que dans les mois et années à venir, nous allons assister à de nombreux développements; nous commençons déjà à les observer lors du salon.