Le Forum Tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) a fermement rejeté le protocole d’accord signé en juillet 2023 entre la Tunisie et l’Union Européenne. Selon le FTDES, ce protocole a des conséquences désastreuses sur les droits et la dignité des migrants. Et ce, en transformant la Tunisie en une frontière avancée de l’Europe. Tout en aggravant la crise humanitaire des migrants et réfugiés sur son territoire.
Le 29 octobre 2024, une délégation de la Commission Européenne se rendra en Tunisie pour évaluer l’engagement du pays vis-à-vis de cet accord. Cette visite intervient dans un contexte de critiques croissantes, mettant en lumière le coût humanitaire élevé de ce protocole. En effet, « celui-ci fait de la Tunisie un prestataire de services pour la surveillance des frontières européennes et envisage l’établissement de centres de détention pour les migrants », avance l’ONG tunisienne.
« L’hypocrisie » de l’Union Européenne dénoncée par le FTDES
Les critiques soulignent « l’hypocrisie de la Commission Européenne », qui « prétend vérifier le respect des droits des migrants en Tunisie ». Le FTDES remet en question la capacité de l’Union Européenne à surveiller ces droits, notamment en raison de ses positions controversées sur le génocide dans les territoires occupés et sa gestion des flux migratoires en Méditerranée.
Le transfert de la crise migratoire vers la Tunisie
Selon des observateurs, ce protocole a transféré la crise migratoire des frontières sud de l’Europe vers la Tunisie, touchant particulièrement les régions de l’Amara et de Jebniana. Cela a entraîné une aggravation des souffrances des populations locales et des migrants, ainsi qu’une multiplication des pratiques répressives, comme les renvois forcés de migrants tunisiens de plusieurs pays européens et des opérations d’interception violentes sur les côtes tunisiennes.
Des politiques perçues comme des entraves à la liberté de mouvement
Malgré les assurances des autorités tunisiennes et européennes concernant leur engagement dans la lutte contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains, les politiques mises en place sont perçues comme renforçant les barrières et restrictions à la mobilité. La répression ne se limite pas aux migrants : les organisations de la société civile et ceux montrant de la solidarité envers ces populations font également face à des pressions croissantes.
Enregistrement des demandes d’asile perturbé
Les opérations d’enregistrement des demandes d’asile sont perturbées, soulevant des inquiétudes quant à un retrait implicite de l’État tunisien de la Convention de Genève sur le statut des réfugiés. Face à cette situation, le FTDES appelle à une réponse plus humanitaire pour traiter les situations des personnes bloquées en Tunisie. L’organisation exige la libération de tous les détenus et l’arrêt des poursuites contre les militants civils soutenant les migrants.
Les droits humains comme enjeu de négociation
Enfin, le FTDES dénonce les politiques migratoires actuelles qui font de la dignité humaine un enjeu de négociation. L’organisation appelle à promouvoir des solutions basées sur la solidarité, les droits humains et les libertés, plutôt que sur des murs et des centres de détention.