Le Conseil de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) du 12 décembre sera confronté à un dilemme, puisque, pour décider si les taux d’intérêt de l’euro seront inférieurs à 3 % début 2025, il faudra peser d’une part la tendance au ralentissement dans la zone euro et, et d’autre part, le risque d’une reprise de l’inflation.
Pour l’heure, une guerre de déclarations a commencé sur le sujet, à l’intérieur et à l’extérieur du Conseil des gouverneurs de la BCE. Plus caractéristique est la réponse du vice-président de la BCE, Luis De Guidos, au gouvernement italien, dont les milieux accusent la Banque centrale de « prudence » excessive dans la réduction des taux d’intérêt.
Cité le 29 octobre 2024 par l’agence ANSA, De Guidos a souligné – s’adressant au gouvernement italien – que la BCE doit être prudente dans le processus de réduction des taux d’intérêt. « Nous avons déjà réduit les taux d’intérêt », a-t-il déclaré, ajoutant : « Les incertitudes sont grandes et nous devons être prudents ».
Rappelons qu’en septembre dernier, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, avait gardé cartes fermées pour les prochaines étapes d’assouplissement de la politique monétaire. Elle n’a cependant pas pu cacher que la BCE n’est plus strictement engagée sur l’objectif d’inflation, qui est de toute façon tombé à 1,7% le mois dernier. Lagarde a souligné qu’il y avait des signes d’une reprise des pressions inflationnistes et que les prochaines étapes sur le front des taux d’intérêt devraient donc être faites avec prudence. Elle a en revanche admis que le ralentissement de la croissance était plus important que prévu.
La présidente de la BCE a également souligné que la BCE surveille l’activité économique, ce qui à son tour « affecte largement l’inflation ».
Les « faucons » et les « colombes » de la BCE
Au sein du Conseil de politique monétaire de la banque, les dirigeants des Banques centrales de la zone euro se sont divisés en deux camps. Le banquier français, François Villeroy de Gallo, et le banquier central portugais, Mario Centeno, ont déjà appelé à un assouplissement plus audacieux de la politique monétaire. Tous deux ont déjà plaidé en faveur d’une baisse des taux d’intérêt de 50 points de base, affirmant que le risque économique pour la zone euro l’emporte sur le risque d’inflation.
Du côté des bellicistes, le banquier central néerlandais, Glass Knott, et son homologue belge, Pierre Voons, ont déclaré – dans des termes à peu près identiques – qu’une réduction de 50 points de base pourrait être prématurée à moins que nous ne voyions des signes d’un nouveau ralentissement économique dans la zone euro.
Dans le même temps, d’autres responsables bancaires semblent privilégier une approche plus prudente en matière d’assouplissement de la politique monétaire, plutôt qu’une mesure plus audacieuse, à la fois pour la fin de l’année 2024 et pour 2025. Le fait est que le marché du travail reste résilient et que les augmentations de salaires ont été importantes. Il n’y a donc aucun risque que la zone euro sombre dans la récession, selon eux.
Du côté positif, tout le monde s’accorde sur le fait que les taux directeurs de l’euro devraient suivre l’inflation (près de 2 %) d’ici mi-2025.