Le professeur universitaire en sciences économiques, Ridha Chkoundali, a expliqué lors de son intervention sur Jawhara FM le 6 novembre 2024 que des réformes comme la suppression des licences et la révision des cahiers des charges visent à améliorer la compétitivité de la Tunisie en libérant l’investissement et le marché, et en réduisant la bureaucratie. Selon lui, la Tunisie a connu une chute significative dans le classement mondial de compétitivité, passant de la 32ème à la 95ème place depuis la révolution de 2011, soit une baisse de 63 rangs. Cette dégradation est attribuée en grande partie aux problèmes liés aux autorisations administratives et aux cahiers des charges, notamment dans les secteurs industriels et commerciaux.
En termes d’efficacité du marché industriel, la Tunisie a chuté de la 33ème à la 113ème place. Tandis que pour le niveau de développement des affaires, elle est passée de la 42ème à la 101ème place mondiale. M. Chkoundali a rappelé que, avant la révolution, la Tunisie devançait le Maroc, aujourd’hui classé 24ème. Il a également souligné que, suite à la suppression de certaines autorisations administratives en 2018, la Tunisie a progressé de huit places dans le classement de compétitivité; d’où l’importance des réformes.
Concernant les cahiers des charges, l’économiste a révélé que 167 d’entre eux seront révisés pour alléger les conditions administratives et techniques. Et ce, afin de faciliter l’accès des jeunes investisseurs et des créateurs d’entreprises. Actuellement, ces cahiers des charges sont jugés trop complexes et conçus pour favoriser certains investisseurs disposant de moyens financiers importants, créant ainsi une économie rentière.
M. Chkoundali a également fait référence à un rapport du Forum économique mondial (Davos), qui entre 2022 et 2024 a identifié plusieurs dangers menaçant l’économie tunisienne, tels que la fragilité de l’État, l’expansion du commerce illicite, l’inflation, la stagnation économique, la rareté des ressources en eau, les difficultés d’approvisionnement en matières premières et le chômage.
L’expert a insisté sur le fait que, bien que les licences soient supprimées, des exceptions subsisteront pour les secteurs sensibles, comme ceux liés à la sûreté nationale (santé, sécurité alimentaire), où des conditions strictes seront appliquées.
Enfin, Ridha Chkoundali a remis en question la direction prise par le gouvernement, qui semble se tourner vers la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) pour des prêts à des taux d’intérêt élevés (10 %). Alors qu’il aurait été plus favorable d’obtenir un prêt à faible taux d’intérêt (moins de 2 %) en suivant les recommandations du FMI.