Dans une interview accordée à « Midi Eco » sur la radio Mosaïque FM, Néjib Snoussi, directeur général de l’habitat auprès du ministère de l’Équipement et de l’Habitat, a révélé que la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les logements serait augmentée dans le projet de Loi de finances 2025.
Cette réforme prévoit que la TVA, qui était précédemment fixée à 13 %, passerait désormais à 19 %. Un changement qui pourrait avoir des répercussions considérables sur les prix du marché immobilier.
Un impact sur le pouvoir d’achat des Tunisiens déjà affaibli
Néjib Snoussi a clairement exprimé ses inquiétudes concernant cette hausse de la TVA. En effet, il souligne que cette mesure risquait d’aggraver la situation déjà tendue du pouvoir d’achat des citoyens tunisiens. Alors que les ménages sont déjà confrontés à une inflation galopante et à une baisse de leur pouvoir d’achat, l’augmentation de la taxe sur le logement représente un nouveau fardeau financier. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un plan plus large du ministère des Finances visant à étendre l’assiette fiscale, y compris aux secteurs liés à l’habitat.
Le directeur général a également estimé que cette hausse de la TVA pourrait avoir des conséquences sur l’accessibilité à la propriété pour de nombreux Tunisiens. En effet, la hausse des prix de l’immobilier et la réduction du pouvoir d’achat risquent de freiner l’accès à la maison pour une large partie de la population.
Une baisse des bénéficiaires des programmes d’habitat
Dans le même entretien, Néjib Snoussi a également évoqué une tendance préoccupante concernant les programmes d’habitat mis en place par l’État. Il estime que le nombre de bénéficiaires de ces programmes a diminué ces dernières années. Cette baisse est essentiellement due à deux facteurs majeurs : la hausse des prix des logements, qui les rend inaccessibles pour une partie importante de la population; et la baisse du taux d’épargne des ménages, conséquence directe de la crise économique persistante. À cela s’ajoute un nombre limité de terrains constructibles. Ce qui complique encore la mise en œuvre de projets immobiliers à grande échelle.
Des initiatives pour soutenir l’accessibilité à l’habitat
Malgré cette situation difficile, le ministère de l’Équipement et de l’Habitat continue de mettre en œuvre plusieurs programmes pour aider les citoyens à accéder au logement. Parmi ces initiatives, on trouve le Fonds de Promotion du Logement pour les Salariés (FOPROLOS). Lequel offre des crédits à des conditions avantageuses aux travailleurs. Le ministère a également lancé un programme pour le premier logement, qui permet aux primo-accédants de bénéficier de crédits remboursables sur une période de 20 ans avec un taux d’intérêt réduit de 2 %. Ce programme a déjà permis à 2 830 citoyens de réaliser leur rêve de devenir propriétaires, pour un montant total de 84 millions de dinars depuis son lancement en 2017.
Par ailleurs, un autre programme phare du ministère est le logement social, financé en partie par des fonds étrangers. Le programme, soutenu par le Qatar, a permis à 810 familles d’acquérir des logements à Sidi Hassine, un quartier populaire de Tunis. En outre, un prêt accordé par le Fonds saoudien d’investissement a permis à l’État tunisien de financer l’achat de 4 000 logements.
Une garantie pour les non-salariés
Afin de renforcer l’accessibilité au logement pour tous les citoyens, le ministère a également mis en place un mécanisme pour aider les non-salariés, une catégorie souvent exclue des programmes de financement traditionnels. Un fonds de garantie a ainsi été créé, couvrant jusqu’à 70 % des prêts accordés aux non-salariés. Et ce, dans le but de réduire le risque pour les créanciers en cas de défaut de paiement.
Cette initiative s’inscrit dans une volonté de rendre le financement de l’habitat plus inclusif et accessible à un plus grand nombre de Tunisiens, notamment ceux travaillant dans le secteur informel. Toutefois, malgré ces efforts, la situation du marché immobilier tunisien reste marquée par des disparités socio-économiques et une augmentation continue des prix. Ce qui complique l’accès à un logement décent pour une grande partie de la population.