Il y a une quasi-unanimité que l’économie tunisienne dispose d’un potentiel de croissance significatif par rapport à ce qu’elle est en train de réaliser. La Banque centrale de Tunisie a fourni, dans son rapport annuel, des chiffres extrêmement importants à ce niveau.
Il faut d’abord préciser quelques notions économiques. La croissance potentielle est celle réalisant le niveau maximal de production sans accélération de l’inflation, compte tenu des capacités de production et de la main-d’œuvre disponibles. Nous comprenons déjà donc qu’étant donné la situation actuelle de reflux de l’activité économique, la croissance potentielle est particulièrement compliquée.
La BCT estime, pour 2024, que la croissance économique en Tunisie évoluerait à un rythme légèrement inférieur à celui du potentiel, ce qui favoriserait une baisse de l’écart de production en 2024. Selon ses récentes prévisions, cet écart continuerait à évoluer dans un territoire positif en 2024, au voisinage de 0,4 %, en moyenne, après 1,2 % en 2023, traduisant l’atténuation progressive des pressions inflationnistes sur les capacités de production provenant de la demande.
Dans une perspective de court, voire de moyen terme, la croissance économique dépend essentiellement des facteurs de demande que sont, par exemple, l’environnement international pour la demande étrangère, la politique budgétaire pour la demande publique, les dispositifs de répartition des richesses et les évolutions salariales pour la consommation des ménages ou la demande des entreprises. Mais à long terme, les facteurs d’offre jouent un grand rôle, à savoir la disponibilité de la main-d’œuvre et la productivité liée à l’intensité capitalistique et au progrès technique.
Le rôle clé de l’innovation
Si l’on considère l’évolution de ces facteurs d’offre côté réalité tunisienne, il en découle que la croissance effective maximale que l’économie peut atteindre sans tension sur les capacités de production est modeste. Il est extrêmement difficile de passer à un rythme supérieur sans engendrer une accélération de l’inflation.
Suivre de près cet instrument de pilotage et de surveillance ne doit pas conduire à oublier que la croissance potentielle est, à long terme, principalement déterminée par les progrès côté innovation. Est-ce que nous sommes en train de mettre en place les actions et les plans d’action nécessaires pour préparer notre avenir et assurer les leviers de croissance ?
Nous savons qu’il y a des péripéties budgétaires et monétaires auxquelles l’Etat fait face, mais il faut que la planification mette l’accent sur cet aspect. Nous avons raté plusieurs trains auparavant. Si nous le faisons encore cette fois, nous ne trouverons même pas deux roues pour avancer.