La croissance en Tunisie devrait augmenter modérément pour 2025-2026, pour se situer à environ 2,3 %, et ce en dépit des prévisions de risques de baisse importants, liés aux conditions de financement, à la demande extérieure et à la sécheresse, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale(BM).
C’est la principale information qu’on retient du rapport de la Banque mondiale publiée mardi 12 novembre 2024 à Tunis.
« Equité et efficacité du système fiscal Tunisien », c’est le titre du rapport prévoit une croissance économique de 1,2 % pour l’année 2024, inférieure à ses prévisions précédentes, expliquée par la sécheresse et les conditions de financement externe qui continuent d’affecter les secteurs clés en 2024, telles que l’agriculture, l’agro-industrie et la construction.
Elle s’explique également par la demande extérieure limitée, sans oublier un besoin de réformes économiques qui limite les perspectives de croissance.
Bonne novelle pour le secteur agricole
Parallèlement, la croissance du secteur agricole devrait prendre de l’élan au cours du second semestre de 2024.
L’économie tunisienne a enregistré une croissance de 0,6 % au premier semestre 2024, marquant une légère amélioration par rapport à 2023, selon l’institution de Bretton Woods. Des signes encourageants sont perceptibles, notamment une amélioration du solde extérieur et une réduction de l’inflation.
Par contre, d’autres secteurs importants de l’économie tunisienne, entre autres le pétrole, l’habillement et la construction, continuent à rencontrer des obstacles.
Davantage d’investissements
La BM insiste sur la nécessité d’augmenter les investissements pour soutenir la croissance et renforcer la concurrence. Les énergies renouvelables font figure de secteur dynamique où les investissements et la concurrence progressent, avec la mise en œuvre d’un ambitieux programme tunisien prévoyant la construction de 500 mégawatts de capacité via des projets solaires dans les régions de Kairouan, Sidi Bouzid et Tozeur.
De plus, le gouvernement prévoit 1 700 mégawatts supplémentaires d’ici 2026, visant à porter la part des énergies renouvelables à 17 % du mix électrique et ainsi économiser 1 million de tonnes d’équivalent pétrole en importation de gaz, soit environ 30 % des importations totales de gaz en 2023.
La BM se félicite par ailleurs que la Tunisie soit parvenue à contenir son déficit courant, principalement grâce à une amélioration des termes de l’échange, dont la baisse des coûts d’importation d’énergie et la hausse des prix à l’exportation de l’huile d’olive, en plus du rebond du secteur touristique.
En effet, le déficit commercial a baissé de 3,4 %, au cours des neuf premiers mois de 2024 par rapport à l’année précédente, représentant désormais 7,8 % du PIB, contre 8,8 % en 2023.
L’inflation est tombée à 6,7 % en septembre 2024, son niveau le plus bas depuis janvier 2022, tandis que l’inflation alimentaire reste stable à 9,2 %.
Moins d’endettement extérieur
« La Tunisie s’oriente de plus en plus vers des sources de financement internes, la dette intérieure étant passée de 29,7 % de la dette publique totale en 2019 à 51,7 % en août 2024 », lit-on dans le rapport de la BM.
Cette tendance oriente une part croissante du financement des banques vers les besoins du gouvernement mais l’éloigne du reste de l’économie, regrette la Banque mondiale. Elle présente, également, des défis pour la monnaie et la stabilité des prix.
Nécessité d’un équilibre entre fiscalité sur le travail et celle sur le capital
Evoquant le système fiscal tunisien, le rapport souligne l’importance d’un meilleur équilibre entre la fiscalité sur le travail et celle sur le capital pour promouvoir une approche plus équitable.
Actuellement, la charge fiscale sur le travail, explique le rapport, y compris les importantes cotisations sociales même pour les personnes à faible revenu, peut encourager l’informalité, freiner l’embauche et limiter les salaires.
Le rapport recommande, en outre, davantage de transparence au sein du système fiscal pour renforcer l’équité et la responsabilité.
Il a expliqué que la Tunisie pourrait réformer les impôts directs et indirects, à travers une stratégie élaborée avec les citoyens, les travailleurs et le secteur privé, et ce en vue d’accroître l’efficacité et l’équité du système fiscal.
« L’instauration d’une taxe foncière annuelle et l’augmentation des taxes sur les carburants en 2023 ont constitué des mesures positives, et un rééquilibrage de la structure fiscale et un renforcement de la taxe carbone contribueraient à un cadre économique plus stable et durable », note le rapport de la BM.
« Malgré des défis persistants, l’économie tunisienne continue de faire preuve de résilience, et de nouvelles opportunités se présentent », a indiqué le responsable des opérations de la Banque mondiale pour la Tunisie, Alexandre Arrobbio.
Il a affirmé, à cette occasion, que la BM reste déterminée à soutenir la Tunisie à relever les défis soulignés dans ledit rapport, en particulier pour appuyer la croissance et le développement du secteur privé.
D’après rapport