Le gouvernorat de Nabeul prévoit une saison agricole 2024/2025 mitigée pour les agriculteurs d’agrumes. Le Commissariat régional au développement agricole (CRDA) de Nabeul a annoncé que la production totale d’agrumes devrait diminuer de 10 % par rapport à l’année précédente, avec une production prévue de 260 000 tonnes contre 270 000 tonnes l’année dernière. La principale cause de cette baisse est une série de problèmes climatiques, même si des améliorations significatives de la qualité des fruits ont été observées.
Cependant, la qualité et la taille des fruits, notamment dans les délégations de Bou Argoub et Takelesa, s’amélioreront. Les paysans de ces régions, qui ont fait leurs propres efforts pour compenser le manque d’eau, ont réussi à maintenir un niveau de production satisfaisant.
Selon Imed Bey, président de l’Union régionale d’agriculture et de la pêche (URAP) de Nabeul, les dernières pluies pourraient également favoriser une récolte de qualité, même si elle est tardive.
Mais la saison actuelle a été caractérisée par une sécheresse prolongée et une baisse importante des réserves d’eau des barrages, en particulier ceux du Nord, qui sont essentiels pour l’alimentation en eau des périmètres irrigués de Menzel Bouzelfa et de Béni Khalled, les principales zones de production d’agrumes. La faible quantité de pluie a contraint de nombreux agriculteurs à chercher des alternatives, tandis que d’autres ont préféré réduire leurs plantations d’agrumes, préférant l’oléiculture, considérée comme plus résistante face aux nouvelles conditions climatiques.
La production nationale d’agrumes dans son ensemble sera en nette diminution, et s’établira aux alentours de 360 000 tonnes. Ce repli s’explique par la situation où les cultures sont de plus en plus touchées par des maladies aggravées par le changement climatique, rendant encore plus difficile la gestion des vergers pour les agricoles.
Devant les multiples difficultés rencontrées, de nombreux agriculteurs sont sur le point de renoncer définitivement à la culture des agrumes. En effet, les maladies, comme le chancre des agrumes et d’autres affections favorisées par l’humidité et les variations de température, connaissent une augmentation.
La difficulté de trouver des travailleurs qualifiés et l’augmentation des dépenses de production rendent également la rentabilité de cette industrie plus aléatoire.
La diminution de la production prévue pour cette saison met en évidence l’importance d’adopter des mesures structurelles et stratégiques afin de soutenir la filière. Le CRDA de Nabeul et les autorités locales prévoient de renforcer les infrastructures d’irrigation et de promouvoir la recherche de solutions de lutte intégrée contre les maladies, mais ces projets nécessitent des investissements importants et des partenariats publics-privés pour être pleinement concrétisés.
Les acteurs de la filière demandent une prise de conscience nationale quant à la vulnérabilité des agriculteurs face au changement climatique et aux limitations de l’eau. Les agriculteurs sont soulagés par la mise en œuvre de subventions pour les équipements de gestion d’eau et par des initiatives visant à diversifier les sources d’eau, notamment par la réutilisation des eaux usées traitées.
Il est possible que la saison 2024/2025 soit une année décisive pour le domaine des agrumes à Nabeul. Les experts espèrent que des choix stratégiques favoriseront la stabilité de la production et la durabilité d’une culture qui demeure un élément essentiel de l’économie locale et nationale.
Farouk Ben Lakhal