Le commerce international a fait preuve d’une volatilité exceptionnelle ces dernières années. Après un effondrement brutal des volumes en 2020, dû à la pandémie de Covid-19, une forte reprise s’est manifestée en 2021, alors que la pandémie reculait et que l’économie mondiale commençait à se rouvrir progressivement. Par la suite, un contexte difficile s’est installé, marqué par la hausse des taux d’intérêt, une inflation élevée et l’instabilité géopolitique. Ces facteurs négatifs ont conduit à un ralentissement marqué des échanges en 2022, suivi d’une année 2023 encore plus décevante, marquée par une contraction exceptionnelle. Au cours des 40 dernières années, une contraction des volumes réels d’échanges n’avait été observée qu’en 2009, à la suite de la crise financière mondiale, et en 2020, en raison des perturbations dramatiques provoquées par la pandémie de Covid-19.
Volume du commerce mondial de biens
(% de croissance, en glissement annuel)
Source: World Trade Organization, IMF, QNB Economics
Bien que certains vents contraires restent d’actualité, notamment un environnement géopolitique difficile marqué par le protectionnisme et des perturbations logistiques, une reprise modérée a commencé en 2024. Selon nous, même si la croissance du commerce mondial restera inférieure à la moyenne à long terme d’avant la pandémie de Covid-19, la reprise devrait se poursuivre en 2025. Dans cet article, nous analysons trois éléments clés qui soutiennent nos attentes quant à une reprise durable.
Premièrement, les principaux indicateurs avancés signalent une amélioration des volumes commerciaux. Les attentes des investisseurs concernant les bénéfices futurs des entreprises du secteur des transports constituent un signal révélateur des perspectives du commerce mondial. Le Dow Jones Transportation Average, un indice boursier regroupant des compagnies aériennes, des transporteurs routiers, maritimes, ferroviaires et des entreprises de livraison, tend à anticiper la dynamique des exportations mondiales. Après avoir atteint un creux à la mi-2024 en termes de variation annuelle, cet indice est repassé en territoire positif, suggérant une expansion des échanges commerciaux.
Il est également pertinent de suivre la performance à l’exportation des économies asiatiques fortement intégrées, telles que le Japon, la Corée du Sud, Singapour et Taïwan, qui publient leurs statistiques commerciales rapidement. Après avoir enregistré une croissance négative durant la majeure partie de l’année dernière, en phase avec la contraction du commerce mondial, ces économies ont amorcé une tendance à la hausse qui se poursuit dans une zone d’expansion. En résumé, les indicateurs avancés laissent présager une reprise soutenue du commerce mondial.
Indicateurs avancés du commerce mondial
(% de croissance, en glissement annuel)
Source: Federal Reserve Bank St. Louis, Haver A., QNB Economics
Deuxièmement, le gouvernement chinois a annoncé une série de mesures agressives pour stimuler l’économie, contribuant ainsi à améliorer les perspectives du commerce international à moyen terme. Cette année, les inquiétudes concernant la performance de l’économie chinoise ont augmenté, en raison des pressions déflationnistes, de la crise immobilière et d’un climat d’investissement négatif. Les prévisions de croissance pour 2024 ont fluctué entre 4,5 % et 4,9 %, des niveaux bien inférieurs à la moyenne de 5,6 % observée sur la dernière décennie. En réponse, les autorités chinoises ont déployé un ensemble coordonné de mesures monétaires, financières et fiscales pour soutenir la deuxième plus grande économie mondiale. Nous pensons que ce plan de relance global renforcera la croissance économique en Chine et en Asie de l’Est, créant un nouvel élan dans la région commerciale la plus dynamique au monde. Cela devrait également soutenir l’accélération de la croissance du commerce mondial.
Troisièmement, les cycles de réduction des taux d’intérêt directeurs par les grandes banques centrales offriront un coup de pouce supplémentaire au commerce. Grâce aux progrès réalisés dans la maîtrise de l’inflation, la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne ont entamé un processus important d’assouplissement monétaire. Ce cycle devrait ramener les taux directeurs, actuellement restrictifs, vers des niveaux plus accommodants d’ici la fin 2025. Le commerce international est particulièrement sensible aux taux d’intérêt et au crédit, qui influencent les investissements des entreprises et la demande de biens durables des ménages, des composantes essentielles des flux commerciaux. Par conséquent, l’assouplissement monétaire dans les économies avancées devrait donner un nouvel élan à la croissance du commerce mondial.
En résumé, à moins d’une escalade majeure du protectionnisme ou de graves perturbations géopolitiques, nous prévoyons que la croissance des volumes commerciaux continuera de s’améliorer, atteignant 3,2 % en 2025, contre 2,8 % attendus cette année, grâce à des indicateurs avancés positifs, aux mesures de relance agressives en Chine et aux cycles de baisse des taux d’intérêt dans les économies développées.
D’après communiqué