Quand l’espagnol Deoleo parle, il faut l’écouter. C’est le premier transformateur mondial d’huile d’olive qui établit ses propres prévisions pour le marché mondial en la matière.
Selon la société, le secteur se rapproche de la fin de l’un des cycles les plus difficiles de son histoire. Les prix de l’or liquide devraient être réduits de près de moitié par rapport à leur niveau record de l’année dernière. Une bien mauvaise nouvelle pour la Tunisie.
L’augmentation de l’offre stabilise les marchés
L’année 2024 fut historique pour l’huile d’olive. La période prolongée de conditions climatiques extrêmes et de sécheresse dans le sud de l’Europe a gravement affecté les récoltes d’olives ces dernières années, entraînant une hausse vertigineuse des prix. La pénurie d’huile d’olive, un aliment de base du régime méditerranéen, a poussé le secteur dans la crise.
Les prix se sont toutefois refroidis depuis, car les estimations de l’industrie indiquent une amélioration significative des récoltes pour la saison 2024-2025, en particulier dans les principaux producteurs tels que l’Espagne, la Grèce et la Turquie. Les leçons apprises des années précédentes indiquent que la crise n’est pas terminée, mais des étapes vers l’amélioration ont été accomplies.
Le marché traverse toujours une phase de tension dans les prix de l’huile d’olive, en particulier celles de qualité supérieure, telle que l’extra vierge. Dans les mois à venir, les perspectives commenceront à se stabiliser et la normalité serait progressivement rétablie à mesure que la nouvelle récolte progresse et que l’offre augmente.
Les prix chutent
Les prix de l’huile d’olive extra vierge en Espagne tourne actuellement autour de 6 euros le kilogramme, une baisse de 35 % par rapport au record de 9,2 euros atteint en janvier 2024.
Cette détente des prix devrait se consolider en décembre et janvier prochains, à condition que les conditions météorologiques et de récolte restent stables. Deoleo estime que les prix tomberaient à environ 5 euros le litre, ce qui représente une chute brutale.
L’industrie commence à s’adapter plus rapidement à un avenir de plus en plus incertain causé par le changement climatique. En même temps, elle absorbe des investissements importants dans de nouvelles technologies agricoles et dans le développement de variétés d’olives plus résistantes. L’objectif est de maintenir l’offre à des niveaux qui permettent un prix accessible pour le consommateur final.
La carte des phosphates
Mais pour un pays comme la Tunisie, le plus important dans les calculs est l’exportateur et les recettes qu’il rapatrie. Pour 2024, le cap des 5 milliards de dinars de recettes a été dépassé. Pour 2025, cela relève du domaine de l’impossible. Nous allons perdre, au moins, un milliard de dinars de revenus d’exportation.
Pour remplacer cette perte, il n’y a pas deux chemins. Seule la piste des phosphates peut être réactivée rapidement. Avec seulement 2,5 millions de tonnes produites depuis le début de l’année, il y a une marge de progression.
Avec un prix moyen de 150 dollars pour la tonne métrique, nous aurions besoins de produire pas moins de 2,5 millions de tonnes supplémentaire en 2025 pour s’assurer que nous pourrons compenser intégralement toute baisse des prix de l’huile d’olive.
A bon entendeur.