Avec 85 blocages dans les zones dotées d’artères centrales, les agriculteurs français ont exprimé, depuis l’aube du lundi 18 novembre 2024, leur colère sans retenue contre l’accord du « Mercosur« . Il s’agit de l’accord de libre-échange entre l’UE et cinq pays d’Amérique latine (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie), que l’Europe entend finaliser et signer d’ici la fin de l’année 2024.
En France, gouvernement et opposition dénoncent presque unanimement – ce qui est rare dans le pays – un tel accord avec le marché commun latino-américain. A l’occasion de la visite de quatre jours dans les pays d’Amérique latine qui a débuté lundi (pour participer au G20), le président Emmanuel Macron a tenté, par ses premières déclarations, en arrivant à Buenos Aires (Argentine), de rassurer les agriculteurs français.
« J’ai dit au président argentin, a-t-il déclaré, que la France ne signera pas le traité du Mercosur tel quel. Nous ne pouvons pas demander aux agriculteurs européens une agriculture de qualité en interdisant l’utilisation de certains pesticides et d’un autre côté permettre des importations massives de produits provenant de pays ne répondant pas aux mêmes critères ». Il a ajouté que le président Javier Milei lui avait expliqué qu’« il n’était pas non plus d’accord avec cet accord pour l’Argentine » et a souligné que « nous poursuivrons notre résistance ».
Macron difficile à convaincre
Bien entendu, une discussion avec le président ultralibéral argentin n’a pas le pouvoir de convaincre le monde paysan en France. Dans le même temps, tout le monde connaît les profondes convictions libérales du président Macron lui-même. Ce qui a pour conséquence que les promesses présidentielles ne sont pas convaincantes. Après tout, le président français avait initialement donné l’impression qu’il était favorable audit libre-échange, alors apparemment, il a jugé opportun de clarifier : « Nous ne croyons pas au pré-accord tel que négocié en 2019, tel qu’il a été négocié, très mauvais pour notre agriculture ». Celui-ci a été signé en juin 2019 par Jean-Claude Juncker, alors chef de l’UE, mais n’a jamais été mis en œuvre.
Dans sa bataille contre le Mercosur, la France semble aujourd’hui isolée en Europe, puisque d’autres, principalement les grands pays industriels, comme l’Allemagne ou l’Espagne, y sont favorables. La question qui se pose aujourd’hui aux Français est de savoir si la France sera capable de faire face seule aux décisions futures de l’Europe.