Le groupe des BRICS, composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, a longtemps été considéré comme une force montante sur la scène mondiale.
Avec des économies en forte croissance et une volonté d’affirmer leur influence face aux puissances occidentales, l’idée d’une monnaie unique BRICS a suscité de nombreux débats.
Cependant, l’abandon récent de ce projet soulève des questions sur l’unité de ce bloc et sur les implications pour l’économie mondiale.
Dépendance accrue à la Chine
Sous le poids des sanctions occidentales et des pressions économiques, la Russie se trouve de plus en plus dépendante de la Chine pour maintenir ses relations économiques et financières. Les conséquences de cette dépendance sont multiples :
– Asymétrie dans les relations : l’absence d’une monnaie commune limite la capacité de la Russie à diversifier ses partenaires commerciaux. En conséquence, elle devient de plus en plus soumise aux décisions économiques de la Chine. Ce qui peut entraîner une perte d’influence géopolitique au sein des BRICS. La Russie pourrait se retrouver dans une position où elle doit accepter les conditions imposées par Pékin pour obtenir un soutien économique.
– Vulnérabilités économiques : en raison de la dépendance vis-à-vis de la Chine, la Russie pourrait être exposée à des fluctuations économiques chinoises. Si l’économie chinoise rencontrait des difficultés, cela pourrait avoir des répercussions directes sur l’économie russe. Amplifiant ainsi son isolement économique et la fragilité de ses relations commerciales.
– Marginalisation au sein des BRICS : alors que les autres membres des BRICS cherchent à développer leurs propres relations bilatérales et régionales, la Russie pourrait être laissée pour compte, réduisant ainsi son rôle et son influence au sein du groupe. Cela pourrait également limiter sa capacité à jouer un rôle significatif dans la définition des politiques économiques et politiques des BRICS.
L’Afrique du Sud dans une position fragile
– Isolement économique potentiel : en tant que plus petite économie des BRICS, l’Afrique du Sud fait face à des risques d’isolement économique si elle ne parvient pas à tirer parti des accords bilatéraux ou à diversifier ses partenariats.
– Dépendance aux ressources naturelles : l’Afrique du Sud dépend fortement des exportations de matières premières. Ce qui la rend vulnérable aux fluctuations des prix des commodities. Si elle ne peut pas diversifier son économie ou élargir ses marchés d’exportation, elle risque d’être marginalisée par les autres puissances BRICS, particulièrement la Chine et l’Inde, qui ont des économies plus diversifiées et dynamiques.
– Manque d’influence dans les décisions de groupe : l’incapacité à proposer des initiatives convaincantes ou à attirer des investissements pourrait également limiter la capacité de l’Afrique du Sud à influencer les décisions au sein des BRICS. Cela pourrait engendrer un sentiment d’isolement et l’inciter à chercher des alliances avec d’autres blocs régionaux ou pays.
– Rivalité avec les grandes puissances : l’Afrique du Sud pourrait également se retrouver en concurrence avec des économies plus grandes comme la Chine et l’Inde pour l’accès aux ressources et aux marchés, rendant sa position encore plus précaire. Cela pourrait également alimenter une dynamique où ses intérêts sont éclipsés par ceux des autres membres.
Fragmentation des intérêts entre la Chine et l’Inde : tensions croissantes
L’absence d’un projet commun de monnaie unique pourrait accentuer les rivalités entre la Chine et l’Inde, deux grandes puissances au sein des BRICS.
– Polarisation interne : l’Inde, en raison de son orientation vers l’Occident pour des raisons stratégiques et sécuritaires, pourrait commencer à prendre ses distances vis-à-vis de la Chine. Cela pourrait provoquer une polarisation interne au sein des BRICS, où les intérêts de l’Inde s’opposeraient de plus en plus à ceux de la Chine, rendant la coopération au sein du groupe plus difficile.
– Projets divergents : les deux pays pourraient également diverger en matière de priorités économiques et de développement. Alors que la Chine cherche à étendre son influence à travers des initiatives comme la Belt and Road Initiative; l’Inde pourrait privilégier une stratégie différente, centrée sur le renforcement de ses alliances avec des pays occidentaux et d’autres nations asiatiques.
– Conséquences pour le groupe : ces tensions entre la Chine et l’Inde pourraient affaiblir la structure des BRICS, rendant la prise de décision collective plus complexe et compliquant davantage les efforts visant à établir un front uni pour défendre les intérêts des économies émergentes.
En définitive, l’abandon du projet de monnaie unique par les BRICS engendre des risques d’isolement pour certains membres, tels que la Russie et l’Afrique du Sud. Tout en exacerbant les vulnérabilités géopolitiques de ces nations. La dépendance accrue de la Russie à la Chine et la position fragile de l’Afrique du Sud illustrent les défis auxquels ces pays sont confrontés, dans un environnement international de plus en plus compétitif.
Parallèlement, les tensions croissantes entre la Chine et l’Inde pourraient compromettre l’unité et l’efficacité des BRICS. Dans ce contexte, il sera essentiel pour ces pays de réévaluer leurs stratégies économiques et diplomatiques. Et ce, pour éviter un isolement accru et maintenir leur influence sur la scène mondiale.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)