« Brisons le silence, arrêtons les violences! » Ces mots résonnent avec force, et pourtant, les féminicides continuent d’augmenter. Selon les dernières statistiques, un féminicide est perpétré toutes les 11 minutes. Ce qui représente 133 victimes chaque jour à l’échelle mondiale. Ces chiffres alarmants soulignent l’urgence d’agir sans relâche.
En Tunisie, en 2024, la situation des féminicides est préoccupante, avec 16 cas enregistrés depuis le début de l’année. Ce qui représente une légère amélioration par rapport aux années précédentes : 23 cas en 2022 et 25 cas en 2023. Bien que certains affirment que la Tunisie a fait des progrès dans la lutte contre la violence grâce au numéro vert 1899 et à l’application gratuite « Safeness », destinée aux femmes victimes de violences, ces outils ne sont pas largement utilisés. Une chose est certaine : qu’on soit en Tunisie ou ailleurs, les violences à l’égard des femmes et des filles ne connaissent ni frontières, ni religions. Cependant, malgré les efforts déployés à travers le monde, aucun pays n’a réussi à éradiquer les violences basées sur le genre.
Dans ce contexte, la Délégation de l’Union européenne en Tunisie réaffirme son engagement à travers une campagne de 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, en partenariat avec l’Agence Espagnole pour la Coopération Internationale au Développement (AECID) et le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).
D’ailleurs, à cette occasion, une projection intitulée “À son tour”, réalisée par Mohamed Saied, retrace un atelier de théâtre forum sur les cyberviolences. Il est animé par Raouf Ben Yaghlane. Cet atelier, conçu en partenariat avec l’Institut Arabe des Droits de l’Homme (IADH), dans le cadre du programme EMNA, propose un espace de réflexion et d’action collective pour élaborer des réponses concrètes. Et ce, afin de lutter contre les violences en ligne et mobiliser les communautés.
Un autre court-métrage, “Beyond Reality”, réalisé par Bechir Zayene, adopte une approche immersive poignante. Soutenu par AECID et ONU Femmes, ce film relate l’histoire de Hayet confrontée à des violences multiples : physiques, sexuelles et psychologiques. L’œuvre a plongé les spectateurs dans la réalité brutale des violences, mettant en lumière une prise de conscience émotionnelle profonde.
Cette initiative représente une sorte de révélation pour faire passer l’invisible au visible. Car, c’est à travers des actions collectives contre les violences basées sur le genre que nous pourrons avancer et briser le silence. Mais surtout changer les mentalités patriarcales; même s’il reste encore beaucoup à faire.
L’événement a été suivi d’un panel de discussion réunissant activistes, expertes et artistes de la société civile. Les intervenantes ont exploré le rôle fondamental de l’art dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. En mettant en avant sa capacité à briser les stéréotypes et à impulser un changement durable.
Rappelons que cet événement est soutenu par l’Union européenne et ses États membres : Allemagne, Autriche, Espagne, Finlande, France, Grèce, Italie, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie et Suède. Ensemble, ils réaffirment leur engagement aux côtés de la Tunisie pour mettre fin aux violences basées sur le genre sous toutes leurs formes.
À l’issue de l’événement, lors d’un point de presse, Giuseppe Perrone, nouvel ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, a exprimé son soutien à la campagne des 16 jours d’activisme contre la violence faite aux femmes. Il a souligné l’importance de cette mobilisation collective et noté la présence significative de divers acteurs : ambassadeurs de l’UE, étudiants journalistes et représentants de la société civile tunisienne. Cela témoigne d’un fort engagement contre cette problématique.
Il a rappelé que la Tunisie possède une tradition importante en matière de droits des femmes. Tout en citant notamment la loi 58 qui est considérée comme un modèle dans la région et au niveau mondial. Cette loi représente un accomplissement exemplaire dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles.
Giuseppe Perrone : « Renforcer les capacités et la résilience de cette société face à la violence »
Giuseppe Perrone a également évoqué les efforts de l’Union européenne pour soutenir la société civile tunisienne. Et ce, à travers des programmes visant à renforcer les capacités et la résilience de cette société face à la violence. Il a insisté sur le fait que ces initiatives sont essentielles pour promouvoir le rôle des femmes dans le pays.
Au-delà des campagnes de sensibilisation, il reste beaucoup à faire pour changer les mentalités. Il a souligné dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com que ces efforts doivent être globaux et continus. Ils doivent impliquer non seulement les femmes, mais aussi les hommes, afin de produire un changement durable dans les attitudes envers le genre. Tout en ajoutant : « Il est essentiel que ces efforts impliquent vraiment tout le monde. Cela concerne non seulement les femmes, mais aussi les hommes, qui doivent travailler au niveau des mentalités et de la façon de se rapporter à l’autre sexe. Il est crucial de produire des changements de mentalité. «
Interrogé sur le cadre législatif et la Convention d’Istanbul, il a fait savoir qu’il pourrait être nécessaire d’ajouter des articles pour renforcer la législation existante. À cet effet, il a mis en avant l’importance d’élargir la sensibilisation au niveau mondial sur ces questions. Car les situations varient considérablement d’un endroit à l’autre.
Quant à ses appréciations des deux projections, il les a trouvées puissantes et innovantes, soulignant leur capacité à transmettre un message profond sur la violence faite aux femmes.
Tout cela nous amène à réfléchir à la contribution de chacun d’entre nous. En effet, la coopération entre les différents acteurs est essentielle pour améliorer la situation des femmes victimes de violences. Ainsi l’humanité irait mieux!