La chute du régime de Bachar al-Assad a été aussi fulgurante que surprenante. Douze jours ont suffi aux rebelles de Abou Mohammed Al Joulani pour faire tomber Damas. Al-Assad a pris la poudre d’escampette, direction Moscou, plongeant derrière lui le pays dans une franche incertitude par le retour de djihadistes, mêlant soulagement et crainte.
En effet, bien que le principal leader de Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), une ancienne branche d’Al-Qaïda – rien que cela -, ait promis de ne pas faire sombrer la Syrie dans une nouvelle guerre, les craintes d’un éventuel retour des djihadistes sur la scène internationale gagnent nombre de pays, en l’occurrence ceux du Maghreb.
Et pour cause! La Tunisie et l’Algérie, par exemple, ont connu une vague d’émigration de pléthore de leurs citoyens vers la Syrie, partis rejoindre les rangs des djihadistes de Daech. Aujourd’hui, une véritable inquiétude gagne les esprits des autorités de ces pays : ces anciens combattants de l’État islamique songeraient-ils à un retour au bercail et de surcroît mettront-ils sur place des plans d’attaques terroristes?
La complicité des grosses têtes des islamistes!
En 2017, une marche de près d’un millier de personnes avait investi le centre de Tunis comme signe de protestation contre le retour des combattants djihadistes, notamment de Syrie. À l’époque, les autorités tunisiennes avaient estimé le nombre des Tunisiens qui se sont rendus dans des zones de guerre à environ trois mille (3 000), dont près de 800 ont déjà effectué un retour au pays. Le chiffre est glaçant! Plus de deux mille djihadistes sont donc potentiellement sur le point de retourner dans le pays, sans que leur sort ne soit déjà scellé.
La chute du régime de Bachar al-Assad a permis la libération de tous les prisonniers. Faisant ainsi germer une réelle inquiétude sous le ciel tunisien. Plusieurs dizaines de djihadistes font, en effet, partie des prisonniers libérés. Il faut d’ailleurs rappeler qu’à l’époque, les gouvernements ont fait part de leur refus de coopération avec les autorités syriennes afin de permettre le retour de ces Tunisiens, partis depuis 2012 à la lumière des encouragements des islamistes, en l’occurrence le parti au pouvoir alors, Ennahdha.
De plus, il faut savoir que le chiffre des djihadistes tunisiens remis en liberté n’est pas encore connu.
Un dossier compliqué qui a fait tomber des têtes!
Et la Tunisie n’a pas été en reste des attaques terroristes. Une parenthèse funeste et empreinte d’un paysage inconnu jusqu’à lors a entraîné le pays dans la tourmente terroriste. Et ce sont les forces sécuritaires tunisiennes qui ont dû payer le plus lourd tribut.
Arrivé au pouvoir en 2019, l’actuel président de la République, Kaïs Saïed, s’est rapidement montré hostile envers les islamistes. Une hostilité qui a fini par avoir raison du parti islamiste Ennahdha, malgré l’entièreté du pouvoir dont il disposait.
D’ailleurs, dans un passé très proche, en 2022, le chef de l’État tunisien a procédé à la réactivation du dossier des jeunes tunisiens qui ont été envoyés en zone de guerre au cours de la période de 2012 à 2013, aussi bien en Libye, en Irak qu’en Syrie. Un dossier jalonné de complications plus aiguës les unes que les autres et qui a été remis aux mains de la justice. Sans grande surprise, les différentes enquêtes menées dans ce cadre ont conclu à des révélations sur l’implication d’anciens ministres, d’anciens députés ainsi que d’hommes d’affaires, connus pour leur allégeance au parti islamiste Ennahdha. Les noms révélés constituent une liste d’une centaine de personnalités.
Le retour des anciens djihadistes tunisiens au pays à la suite de la chute du régime de Bachar al-Assad peut donc se révéler imminent. Une menace terroriste plane ainsi sur la Tunisie, mais pas que. La France et l’Algérie nourrissent elles aussi les mêmes craintes et inquiétudes. La prudence est, de ce fait, de rigueur et de surcroît un élément essentiel doit prendre place dans le tiroir des dossiers urgents à traiter : la gestion de ce retour fulminant. Loin d’être une mince affaire, l’anticipation dans ce type de dossier est une condition sine qua non pour l’optimisation de sa gestion.