Dans une décision inattendue, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note souveraine de la France d’un cran, passant de Aa2 à Aa3, avec une perspective stable. Cette annonce, faite dans la nuit du 13 au 14 décembre 2024, coïncide avec la nomination de François Bayrou au poste de Premier ministre.
Moody’s avait mis en garde le 4 décembre, après le vote de la motion de censure contre le gouvernement Barnier, contre les risques « négatifs » pesant sur la note française. L’agence justifie aujourd’hui sa décision par la faiblesse anticipée des finances publiques, exacerbée par une fragmentation politique qui freinerait les efforts de consolidation budgétaire.
Selon Moody’s, « il est désormais très improbable que le prochain gouvernement parvienne à réduire durablement les déficits budgétaires au-delà de l’année prochaine ».
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Des projections inquiétantes
Alors que le gouvernement Barnier visait un déficit public de 5% du PIB en 2025, Moody’s estime qu’il stagnera autour de 6,3%, pour s’établir à 5,2% en 2027. La dette publique, quant à elle, pourrait grimper de 113,3% du PIB en 2024 à 120% en 2027, compromettant les objectifs fixés par Bruxelles. Malgré cette dégradation, l’agence souligne les « atouts considérables » de la France, notamment une économie riche, diversifiée et résiliente, qui justifie le maintien d’une perspective stable.
Le ministre des Finances sortant, Antoine Armand, a déclaré « prendre acte » de cette décision, tout en admettant que celle-ci reflète l’incertitude politique actuelle.
Moody’s rejoint désormais ses concurrents Standard & Poor’s et Fitch qui classent également la France au niveau AA−, bien que leurs perspectives diffèrent légèrement.