L’évolution dramatique des événements au Moyen-Orient semble encourager vivement Israël à aller de l’avant dans le projet américano-sioniste du « Nouveau Moyen-Orient ». Et d’envahir la Cisjordanie.
La chute du régime syrien a permis à Israël de non seulement étendre son occupation à tout le Golan syrien (dont elle occupait 70% de juin 1967 à décembre 2024), mais il a étendu son occupation au gouvernorat limitrophe de Quneitra. Résultat : les troupes israéliennes ne sont plus qu’à une vingtaine de kilomètres de Damas. Pire encore, elles s’octroient le droit de tirer sur les manifestants syriens qui réclamaient leur départ de Quneitra! Mais le plus grave pour la région et le plus important pour Israël est ailleurs. Alors que l’armée israélienne poursuit depuis plus de 14 mois sa guerre génocidaire à Gaza, le gouvernement extrémiste à Tel-Aviv et ses hordes fanatisées se préparent fébrilement à annexer la Cisjordanie.
En effet, le ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, a récemment déclaré aux employés de l’organisme du ministère de la Défense en charge des affaires civiles israéliennes et palestiniennes en Cisjordanie « vouloir fermer le département en prévision de l’annexion de Judée-Samarie (Cisjordanie). »
Le gouvernement israélien est impatient de voir Trump à la Maison Blanche pour réaliser son projet d’annexion. Voici ce qu’a déclaré le même Smotrich en novembre au lendemain de la victoire de Trump : « La nouvelle administration Trump offre à Israël l’opportunité de faire avancer l’annexion des colonies juives en Judée-Samarie », citant les cadeaux de Trump à Israël pendant son premier mandat : transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem; reconnaissance du plateau du Golan comme territoire israélien; et les colonies israéliennes comme étant conformes au droit international…
Il y a tout lieu de craindre que dans son second mandat qui commencera le 20 janvier prochain, Trump ira plus loin encore dans son soutien aveugle aux projets de la droite extrémiste et fanatique israélienne.
En août dernier, dans l’un de ses meetings électoraux, Trump a déclaré : « Le territoire israélien est si petit. Y a-t-il un moyen d’agrandir ? » Une question vicieuse à laquelle les Smotrich et autre Ben Gvir ont répondu des années auparavant.
Autre signe inquiétant : avant même de choisir la totalité de l’équipe de ses collaborateurs qui travailleront avec lui à Washington, Trump a cru urgent de nommer… le nouvel ambassadeur américain en Israël : un certain Mike Huckabee, un évangéliste sioniste pour qui « la Cisjordanie n’est pas un territoire occupé. »
Tom Cotton, un sénateur américain, plus sioniste que les sionistes, a déposé un projet de loi interdisant à la Maison Blanche et au département d’Etat d’utiliser le mot « Cisjordanie », mais « Judée et Samarie ». Le même sénateur a incité « les pays du monde à être prudents dans leurs relations avec les chacals antisémites de la Cour criminelle internationale. »
Si les juges de la CCI qui tentent de défendre le droit international et de mettre fin à l’un des pires génocides de l’histoire sont des chacals, que sont alors ceux qui arment, financent et encouragent par leurs vétos au Conseil de sécurité de l’ONU les génocidaires à « terminer le travail »?
Avec les évangélistes sionistes qui s’activent dans l’entourage de la prochaine administration américaine, les génocidaires de Tel-Aviv se frottent les mains et se préparent à réaliser leur rêve d’ « Eretz Israël ».
L’inquiétude grandit non seulement parmi les Palestiniens de Cisjordanie, mais aussi en Jordanie où les responsables réaffirment à chaque occasion leur refus de toute entreprise d’expulsion massive des Palestiniens vers leur pays.
Le ministre des Affaires étrangères Ayman Safadi a déclaré en septembre que « toute tentative israélienne de déplacer les Palestiniens de Cisjordanie vers la Jordanie serait interprétée comme une déclaration de guerre ». En septembre aussi, lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies, le roi Abdallah de Jordanie a clairement indiqué que son pays rejetait l’annexion, déclarant : « Nous n’accepterons jamais le déplacement forcé des Palestiniens, qui est un crime de guerre. »
La région en général et la Jordanie en particulier redoutent de revivre les drames de 1948 et de 1967. Dans le premier, les 750 000 Palestiniens, qui avaient fui les massacres accompagnant la création d’Israël, ont triplé à l’époque la population jordanienne. Le second drame a privé la Jordanie des territoires qu’elle administrait (Cisjordanie et Jérusalem-Est) et fait d’elle le pays vers lequel ont lorgné et lorgnent toujours la classe politique israélienne, toutes tendances confondues, comme étant « la vraie patrie des Palestiniens ».
L’humanité, qui n’a trouvé aucune difficulté de s’accommoder du massacre continu de dizaines de milliers de Palestiniens et de la destruction totale de leurs villes et villages à Gaza, se souciera-t-elle de l’annexion de la Cisjordanie et de l’expulsion de ses habitants? La réponse est loin d’être difficile.